de Claudie Gallay

Éditions Actes Sud Août 2013

Claudie Gallay vit dans le Vaucluse. Elle est née en 1961, a été professeur des écoles, et, depuis « Les déferlantes », elle vit de ses écrits.
Elle est l'auteur de huit romans, et parmi ceux que j'ai beaucoup aimé, se trouvent « Les déferlantes », et « Seule Venise ».

Dans « Une part du ciel », Claudie Gallay nous entraîne sur les pas de Carole, la quarantaine, vivant à Saint Étienne de traductions et de remplacements dans des lycées, un mari qui vient de la quitter, deux filles jeunes adultes, parties en voyage en Nouvelle Zélande. Au moment où nous faisons sa connaissance, Carole se retrouve pour quelques temps dans son village natal, le Val des Seuls, une vallée perdue dans les Alpes.
claudie_Gallay_2.jpeg Nous sommes au mois de décembre. Elle a reçu au courrier une boule transparente qui, lorsqu'on la secoue, fait tomber de la neige. Il n'y a pas eu le nom de l'expéditeur, mais elle sait que le père qu'elle a eu, Curtile, instable et fuyant, envoyait ce genre de boule lorsqu'il voulait avertir sa mère qu'il rentrait pour quelques temps au foyer.
Elle pense que son père, qu'elle n'a pas vu depuis la mort de sa mère, lui donne de façon symbolique rendez-vous au Val des Seuls. Elle retrouve dans son village natal sa sœur et son frère, qui eux sont restés au pays, et qui ont eux aussi reçu chacun « sa boule d'avertissement ».
Commence pour la fratrie la longue attente de l'éventuelle venue du père prodigue.
Carole replonge avec nostalgie dans son passé, retrouve des personnes, des lieux, des habitudes d'antan. Et des souvenirs qui resurgissent, et qui avec le recul du temps, lui font voir la vie et les événements passés de façon autre.
Elle s'installe dans un gîte que lui loue le patron du bistrot du village.
Pour elle commence la longue attente, et la prise de conscience progressive que tout élément du passé, quel qu'il soit, marque chaque être de façon irréversible, et pas forcément comme on aurait pu le penser.
Une phrase d'un des personnages, Sam, m'a particulièrement marqué :
« la plus grande des solitudes, c'est quand plus personne ne vous a connu enfant, que plus personne ne sait votre passé, votre jeunesse. Vous ne pouvez plus alors parler de vous, alors vous vous repliez et vous vous taisez ». (p408).
Claudie Gallay crée une ambiance, une atmosphère.
Loin de la vie agitée des villes, le temps passe lentement, chaque minute compte, a son poids.
Chaque geste, chaque phrase peuvent prendre sens.
Sorte de livre initiatique, « Une part du ciel » nous amène dans des territoires où l'intime et le sens de la vie prennent le pas sur tout le reste.
Un roman magnifique à découvrir.