de David Grossman
Éditions Points octobre 2012
David Grossman est né à Jérusalem en 1954. Il est l'auteur de nombreux romans abondamment primés, et d'essais engagés, traduits en plusieurs langues.
« Une femme fuyant l'annonce » a reçu le pris Médicis étranger en 2011.
David Grossman a commencé à écrire ce livre en mai 2003, alors que son fils aîné faisait son service militaire.
Il l'a terminé en l'été 2006, alors que son deuxième fils faisant à son tour son service militaire, venait de tomber au Sud Liban, avec tout l'équipage, son tank ayant explosé.
Le contenu de ce livre prend donc un sens très particulier
Ofer, deuxième fils d'Ora, décide de reprendre du service, alors qu'il vient de terminer sa période militaire.
Ora ne comprend pas. Pourquoi son fils repart-il, alors qu'il a eu la chance de s'en sortir ?
Une folle angoisse la saisit. Son mari Ilan qui l'a abandonné, et son fils aîné Adam sont partis faire un voyage en Amérique du Sud. Ils ne sont pas joignables. Elle est seule avec ses doutes et ses affres.
Elle fait signe à un amour de jeunesse, Avram, qu'elle a connu en même temps qu'elle a connu son mari. Avram ne se remet pas d'avoir été prisonnier des égyptiens et torturé, alors qu'il faisait son service militaire . C'est une vraie épave qui vit en marge de la société. Ce qu'il a vécu l'a détruit, il ne peut le partager avec personne.
Ora enlève littéralement Avram, et l'amène avec elle, au début de force, pour une longue marche à travers le pays, pour fuir l'éventuelle annonce qu'elle redoute au plus haut point, celle de la mort tant redoutée de son fils.
Ora, sac à dos et moral en berne, va faire défiler sa vie au rythme des jours et de la marche épuisante qu'elle s'impose, et va apprivoiser progressivement Avram.
Elle va lui parler de sa vie avec Ilan et Adam, et d'Ofer, (de la conception à l'enfance, à l'adolescence et à son début de vie d'adulte. …) comme pour conjurer le sort.
Des secrets bien enfouis vont voir le jour. Les rapports d'Ora avec Ilan et Avram, vont apparaître dans leur complexité.
Ora mêle ses pensées et la nature qui l'environne, sauvage, aride, omniprésente.
David Grossman a écrit un livre sur l'amour d'une femme pour ses enfants.
De la naissance, jusqu'à leur envol pour leur vies d'adultes, avec un lâché prise nécessaire, Ora a ressenti une perte totale de contrôle de ses enfants, qui la laisse démunie, d'autant que la guerre, qui est omniprésente, accentue ce sentiment de précarité et de risque de perte définitive.
Quel est l'avenir d'un nouveau-né dans un pays en guerre ?
David Grossman, en écrivant ce livre, pensait protéger son fils Uri de la mort, comme Ora dans sa randonnée. La fiction a rejoint la réalité.
C'est un livre bouleversant. A lire et à faire partager.