de Trevanian

Éditions Gallmeister Juin 2016

Trevanian, de son vrai nom Rodney William Whitaker, est né en 1931 dans l'état de New-York, dans une famille pauvre
Après avoir servi dans la Marine Américaine de 1949 à 1953 lors de la guerre de Corée, il entreprend des études supérieures et obtient une maîtrise de théâtre à l'université de Washington et un doctorat en communications et cinéma à l'université Northwestern en banlieue de Chicago.
Il deviendra enseignant.
Travanian.png A quarante ans, en 1972, il publiera son premier livre « La sanction », un roman d'espionnage, en choisissant le pseudonyme de Trevanian en l'honneur de l'historien britannique George Macaulay Trevelyan.
Puis il y aura « L'expert », « Le flic de Montréal » …
Professeur d'université, il passe une grande partie de sa vie reclus avec sa famille dans les Pyrénées basques de France, refusant tout entretien et toute photographie.
En 1979, lors de la sortie du livre « Shibumi », il accorde toutefois une première interview par téléphone sans livrer son identité. Celle-ci sera dévoilée en 1983 mais seulement confirmée en 1998.

« Shibumi » raconte la véritable épopée qu'est la vie de Nicholaï Hel.
Né de la rencontre improbable d'une comtesse russe réfugiée à Shangaï, et d'un amant d'origine Prusse allemande, il vivra toute sa jeunesse en Chine et au Japon. Il héritera des étranges yeux verts de sa mère, d'un grand corps élancé, et de cheveux blonds, qui le feront repérés parmi les populations chinoises et japonaises.
Marqué par sa rencontre avec deux personnages importants, un militaire japonais, le général Kishikawa-san, et le maître de Go, Otake-san, il sera profondément marqué par la culture et la mentalité japonaises, et ne se sentira jamais occidental. Une autre de ses particularités est qu'il a plusieurs langues maternelles à son actif, le russe par sa mère, le japonais par son père de cœur, le général, le chinois en traînant dans les rues de Shangaï, l'allemand pour ne pas oublier ses racines prussiennes, le basque appris lors d'une captivité où l'isolement le plus complet lui fut imposé et où le hasard lui mit dans les mains des livres basques …. et bien sûr l'anglais, langue la plus internationale … et qu'il n'a pas de nationalité propre, devant se contenter de fausses nationalités fournies à l'occasion de ses contrats.

Nicholaï Hel, par le hasard des guerres d' Asie, et des répercussions qu'il en a eu, sera amené à devenir un tueur international d'une redoutable efficacité, un mercenaire très recherché.

Le livre est bâti sur une succession de chapitres évoquant tour à tour le présent, une attaque à l'aéroport de Rome qui entraînera toute une suite d’événements, et l'histoire de sa vie, d'abord à Shangaï puis au Japon.
L’histoire est haletante, aucun répit n'est accordé au lecteur, impossible de lâcher le livre, du continent asiatique aux États-Unis, en passant par l'Europe et tout particulièrement le Pays Basque, Trevanian cisèle au scalpel son histoire, campe des personnages hors du commun, comme le Gnome, le Cagot ….
Il décrit sans aucune complaisance la mentalité américaine, (CIA, NSA, la Mother Company …), son côté raciste, son sentiment de supériorité, d'impunité, …

Mais ce n'est pas tout.
Travanian nous fait pénétrer dans l'univers raffinée de la culture japonaise, que Nicholaï acquière peu à peu, d'abord avec le général japonais, puis avec le maître de Go. Il s'y sent bien, il ne peut pas y avoir pour lui d'autre possible.
Le rêve de son héros, peut-être était ce aussi le sien ?, c'est d'atteindre le Shibumi, état parfait de sérénité difficile à décrire, mais combien espéré.
Ce livre n'appartient pas à la littérature japonaise, mais il contient de si nombreuses clés pour approcher cette culture, qu'il pourrait bien être considéré comme en faisant partie.

A lire toute affaire cessante !
Personnellement, j'ai lu les 514 pages en deux jours ! Une belle évasion !