de Pat Conroy

Éditions Albin Michel septembre 2003

« C'est en meneur de jeu que je quittai Citadel.... C'est une civilisation, un savoir, un paradoxe, un miroir des âmes, une ruche laborieuse, une préparation au voyage, un itinéraire, un purgatoire, un éveil, et un guide intérieur à résoudre ce problème : être vivant et prêt à affronter tout ce qui pourra surgir sur votre route » ...... « C 'est en meneur de jeu que j'entrai dans la vie d'écrivain, et ce fut la métaphore de mon passage d'un état à l'autre : les métaphores du basket sont passées dans mon univers imaginaire, les romans qui sont les grandes joies de mon existence ».

« Saison noire » de Pat Conroy, où41RHT078CGL._SL500_AA300_.jpg l'auteur raconte ce qu'a été sa quatrième et dernière année à Citadel, école qu'il a intégré après ses études secondaires, est un roman initiatique. Pat Conroy a toujours eu en lui ce livre, qu'il n'a écrit que tardivement par rapport à son parcours d'écrivain.



Cette école où il est resté quatre années, a été très formatrice pour lui. Elle lui fait toujours et encore mal, le fait encore grandir, dans chaque jour de son existence. Elle lui a enseigné à accepter son destin avec vaillance et fermeté. Elle en a fait l'homme qu'il est devenu, et qu'il n'aurait jamais pu être si elle ne s'était intercalée entre sa vie en famille et sa vie d'écrivain.

Nous sommes à Charleston, en Caroline du Sud, à la célèbre école militaire de Citadel. Pat Conroy et ses condisciples sont soumis à une discipline de fer. La vie y est très dure, la pire étant la première année, bâtie sur un bizutage continu. Pat Conroy raconte avec pudeur et recul cette période de sa vie, période qui semblait être en juste continuité avec celle de sa vie en famille, dominée par un père colonel de marines, violent, dur et buveur, qui écrasait constamment les siens.

Pat Conroy toute sa vie d'enfance et de jeunesse s'est tourné vers le basket,sport qu'il adorait, et qui lui permettait de garder la tête hors de l'eau. C'est encore le cas à Citadel, malgré un coach terrible, Mel Thomson, qui tétanise son équipe.



Pat Conroy, dont la personnalité s'est construite sur de telles bases, a acquis dans son écriture une force narrative incroyable, force d'autant plus grande qu'il l'exprime dans une langue très épurée. C'est à mes yeux l'un des plus grands écrivains américains de notre époque, qui fait partie du cercle très fermé des Hemingway, Steinbeck, Dos Passos, Fitzgerald, Faulkner......

Personnellement, je ne m'intéresse pas au basket. Mais « Saison noire », qui est un hymne à ce sport par certains côtés, est aussi un récit « qui prend aux tripes », une leçon de vie !

J'ai été « happée » par « Saison noire », de la même façon qu'un de ses autres récits, très fort également, « Le prince des marées ».