de Eugen Ruge

Éditions Poche 10/18 août 2013

Eugen Ruge est né dans l'ancienne Allemagne de l'Est. Son père historien a été déporté dans le camp 239 en Sibérie. A l'âge de deux ans il viendra vivre avec ses parents à Berlin Est. Il fera des études de mathématiques et deviendra chercheur à l'Institut Central de Physique du Globe de l'Académie des Sciences de RDA.
Eugen_Ruge_2.jpeg C'est en 1986 qu'il a commencé à écrire pour le théâtre, la radio et le cinéma. En 1988, il passe à l'Ouest, juste avant la chute du mur. En 2009 il fait ses débuts d'auteur de roman en écrivant « Quand la lumière décline ». Ce livre a reçu trois prix en Allemagne, en 2009 le Alfred-Döblin-Preis, en 2011 l'Aspekte-Literaturpreis, et le Deutscher Buchpreis.

Eugen Ruge nous entraîne, de 1952 à 2001,dans une grande fresque sociale et politique par le biais de l'histoire d'une famille sur quatre générations.
Wilhem et Charlotte, les arrière-grands-parents, sont des communistes orthodoxes, réfugiés en Amérique du Sud, au Mexique pour fuir le nazisme, et revenus en RDA en 1952 pour participer à l'édification d'une société communiste.
Le fils de Charlotte, Kurt, bien qu'envoyé dans un camp pendant dix ans, restera fidèle à aux idéaux communistes de la famille, il reviendra des camps en ayant épousé une femme russe, Irina. Ils auront un fils, Alexander.
Alexander sera le premier de la famille à douter de l'entière honorabilité du système communiste. Il partira à l'Ouest avant la chute du mur.
Son fils Markus, resté avec sa mère remariée en RDA, continuera à vivre dans ce qui a été l'ancien Berlin Est après 1989. Les chapitres se succèdent dans une chronologie mélangée, chacun étant centré sur l'un ou l'autre des membres de la famille.
Un arbre généalogique imprimé en début de livre aide au départ à s'y retrouver. Inspiré par la vie de sa propre famille, Eugen Ruge porte un regard sans concession sur ce qu'a été l'Allemagne de l'Est et sur la vie actuelle dans l' Allemagne réunifiée.
Il fait œuvre d'historien mais aussi travail de mémoire familiale.
Il y mêle aussi une certaine nostalgie du passé au travers de son personnage Alexander, parti pour des raisons que je vous laisserai découvrir au Mexique sur les traces de la vie de ses grands-parents. Sa grand-mère Charlotte avait magnifié sa vie sud-américaine lorsqu'elle lui racontait, alors qu'il était enfant, des épisodes de sa vie d'antan, dans un pays de soleil et de liberté.
Eugen Ruge se met dans la peau de ses personnages, le lecteur entre dans l'intimité de chacun d'entre eux, ce qui donne un texte vivant et chaleureux, brillant, drôle et émouvant.
« De Mexico à Berlin en passant par Moscou, les voix de quatre générations s'entremêlent pour dire l'histoire d'un monde, d'une famille, d'une vie, quand la lumière des idéaux décline. »
Je voudrai signaler tout particulièrement l'excellente traduction de Pierre Deshusses qui réussit à nous transmettre un style d'écriture propre à Eugen Ruge, véritable tour de force qui rajoute à la qualité du livre.