de Francisco Sionil José

Éditions Fayard octobre 2004

Francisco Sionil José est un auteur philippin, né en 1924 à Rosales.
Il a publié plusieurs recueils de nouvelles et des romans, dont la grande saga de Rosales. Lauréat de nombreux prix, il a été fait docteur honoris causa de trois grandes universités de Manille, et ses livres sont traduits en vint-quatre langues.

Le livre que je présente aujourd'hui « Les prétendants » est le quatrième tome de la saga.
Francisco_Sionil_Jose_2.jpg Antonio Samson (Tony), jeune philippin d'origine modeste, a réussi, à force d'abnégation, de courage et d'intelligence, et grâce à sa sœur qui l'a aidé financièrement, à faire des études universitaires d'abord à Manille, puis aux États-Unis. Il se destine, de retour chez lui, à faire une brillante carrière universitaire, gage d'une liberté à laquelle il a de tout temps aspiré.
Mais aux États-Unis il fait la connaissance d'une jeune philippine d'origine très aisée, Carmen, avec qui il vit une vie libre et intense. De retour aux Philippines, le poids de la tradition et les blocages de la société vont complètement bouleverser les plans qu'il avait établis auparavant.
Il se marie avec Carmen, est chargé par son beau-père des relations publiques au sein de l'entreprise familiale, se laisse prendre progressivement au jeu de la vie facile et du compromis.
Il en oubliera sa famille, ses amis d'origine, ses idéaux, ses aspirations de jeune homme.
Et les vains efforts qu'il fera pour retourner vers ses origines échoueront, aggravant son mal être.
« Face au matérialisme, à la décadence et à la corruption de la haute société philippine » qu'il constate au fond de lui-même, et qui le mine, Tony choisira la seule solution qui lui semblera être dans la lignée des hommes courageux qu'ont été son père et son grand-père (voir les tomes précédents de la saga).
Les « prétendants » sont aux yeux des nantis philippins, tous ces intellectuels qui font campagne pour donner la terre aux métayers, ignorants et ne sachant pas comment cultiver les terres, aux dépens des riches qui eux savent, et possèdent à raison (p 318). Ce que symbolisait au départ le personnage de Tony.
Dans ce livre, F.Sionil José dépeint avec justesse et finesse la société philippine. Il nous décrit le rôle pernicieux des capitalistes étrangers (japonais, chinois, américains, …) qui font mains basses sur les richesses du pays, aidés par les possédants philippins qui y trouvent leur compte par le biais des commissions, dans un système économique de pays en voie de développement.
La saga des Rosales, au travers de plusieurs générations, nous décrit bien l'évolution historique des Philippines.
C'est une série de romans attachante qui nous fait découvrir un pays que l'on connaît assez peu, pour nous occidentaux : un vrai plaisir de découvertes à la fois sociologique, historique, politique, économique.
Un cinquième et dernier tome déjà paru m'attend et vous attend !