de Arnaldur Indridason

Éditions Metailié Noir Mars 2016

Arnaldur Indridason est né à Reykjavík, en Islande en 1961. Il est diplômé en histoire, journaliste, critique de cinéma et écrivain. Ce qui l'a fait connaître, c'est sa série de romans policiers, avec comme personnage culte le commissaire Erlendur. Il a été plusieurs fois primé.
Il lui est arrivé « d'échapper » à son commissaire, comme dans « Betty », roman noir remarquable, et dont j'ai fait il n'y a pas si longtemps une chronique.
Indridason_3.jpg « Le lagon noir » nous ramène dans les jeunes années de son inspecteur fétiche Erlendur, du temps où il débutait comme inspecteur stagiaire sous la direction d'une femme inspecteur de caractère, Marion Brem. Nous sommes alors en 1979.
Le corps d'un homme a été repêché dans un lagon alimenté par une centrale nucléaire. Des recherches poussées pour identifier le corps révèlent qu'il s'agit d'un ingénieur islandais employé à la base américaine de l'aéroport de Reykjavík.
Les pistes éventuelles sont brouillées, aucun indice sur les lieux mêmes où le corps a été trouvé.
Et les responsables américains de la base n'ont pas l'intention de laisser enquêter la police islandaise dans un lieu qu'ils estiment dépendre du droit américain et de la justice américaine.
Mais c'est mal connaître la ténacité d'Erlendur et sa volonté de trouver qui a pu commettre un acte pareil.
Sa façon de faire le long de son enquête laisse augurer de l'inspecteur qu'il deviendra.
C'est bien écrit. Et retrouver Erlendur jeune, venant d'entrer dans la brigade d'enquêtes criminelles, pourquoi pas.
Il n'est pas encore celui qu'il est devenu, sombre et pessimiste, se retirant peu à peu de la vie et du métier de policer, mais un homme jeune, plein d'allant, croyant en son métier.



Parallèlement, il enquête sur une adolescente qui s'est volatilisée quarante ans plus tôt sur le chemin du collège et qui n'a jamais été retrouvée. L'affaire est classée, mais il décide à ses moments perdus d'en savoir plus. Ce qui le ramène à ses blessures premières, lorsqu'il était enfant, son petit frère et lui-même s'étaient perdus dans la lande alors qu'il y avait une tempête de neige et qu'il cherchait leur troupeau égaré. Erlendur a été sauvé de justesse, mais son frère a disparu à tout jamais alors qu'ils se donnaient la main, et que les mains se sont lâchées. Le corps n'a jamais été retrouvé.

C'est avec un plaisir renouvelé que l'on retrouve l'Islande, pays si particulier, et Erlendur, inspecteur attachant.
Ce retour dans le passé de Erlendur (sa première enquête est ici narrée) est à l'image de l'auteur qui vieillit et qui ne peut s'empêcher de se remémorer des faits anciens qui semblent être plus vivaces que ce qui peut se passer au jour d'aujourd'hui.