de Yasushi Inoué

Éditions Livre de Poche Juin 2014

« Yasushi Inoue, écrivain japonais, est né en 1907 à Asahikawa, et est mort en 1991 à Tokyo. Fils d'un chirurgien militair souvent muté, il a été élevé un temps par la maîtresse de son arrière-grand-père, une ancienne geisha, qu'il appelle grand-mère, alors qu'elle est étrangère à sa famille.
Dès 1929, il écrit des poèmes. Après des études en philosophie à Kyoto, et une thèse sur Paul Valéry, il se lance dans la littérature, en publiant des poèmes et nouvelles dans des magazines, puis dans le journaliusme, carrière entrecoupée par le service militaire, en 1937-1938. Il se fait connaître grâce à une nouvelle récompensée par le prestigieux Prix Akutagawa en 1949. « Combats de taureaux ». Il se met à publier ensuite un grand nombre de romans et nouvelles dont les thèmes sont historiques et minutieusement documentés, comme « La tuile de Tenpyo » en 1957, ou « Le Maître de thé » en 1981. Il a été élu en 1964 à l'Académie des Arts.
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J'aime beaucoup « Le fusil de chasse », petit par la taille (88 pages)mais grand sur le fond.
Il a suffi d'un homme croisé lors d'une promenade en montagne pour que le narrateur en fasse un poème, car cet homme croisé avec son fusil de chasse n'avait pas l'allure d'un chasseur.
Et notre poète a laissé parler son imaginaire, sans penser une seconde que son imagination débordante allait rejoindre la réalité.
La parution du poème dans un journal consacré à la chasse, déclenchera la réaction d'un lecteur qui s'est reconnu dans le poème.
Ce lecteur a saisi la chance qui lui était donnée de faire partager son histoire d'amour malheureuse avec une personne qui semblait avoir si bien saisi ce qu'il avait vécu, en simplement le croisant.
Il lui envoie trois lettres, qui viennent apporter les éclaircissements à la situation qu'il a vécu.
lettre de Shoko à Josuke
lettre de Midori à Josuke
lettre de Saïko à Josuke
l'auteur s'étant contenter de changer les noms.
Au travers du contenu de ces trois lettres, l’auteur nous montre à quel point l'âme humaine peut être complexe, que les amours humaines ne sont pas simples, linéaires, qu'une histoire peut être à plusieurs niveaux, à la façon des poupées russes.
Shoko, la fille de Saïko, en lisant le journal intime de sa mère que cette dernière l'avait chargé de brûler, découvre des événements qu'elle ne soupçonnait pas, voyant les trois adultes qui l'ont le plus entourée avoir entre eux des relations autres que ce qu'elle percevait enfant puis jeune adulte.
Midori, malgré les infidélités de son mari, a toujours aimé celui-ci. Mais à la mort de Saïko, sa rivale, alors qu'elle aurait pu essayer de reconquérir son mari, elle décide de le quitter, de divorcer.
Saïko a aimé son mari, sa fille, son amant. L'annonce par un oncle de passage que son ex mari s'était remarié lui fait réaliser qu'elle avait toujours aimé son mari, d'un autre amour que celui plus ténu en fin de compte, qu'elle avait pour son amant, et la perte définitive de cet ex mari l'a fait opter pour un choix définitif, malgré la présence de sa fille, de son amant.

C'est un très beau livre, une belle histoire triste.
Un vrai bijou tout en finesse et en poésie !