de Willem Frederik Hermans

Éditions Gallimard mai 2006

Willem Frederik Hermans est né à Amsterdam en 1921. C'est un des grands écrivains néerlandais de la seconde moitié du XXème siècle.
Il est l'auteur d'une vingtaine de romans ainsi que de nombreux essais, de recueils de nouvelles et de poèmes.
L'œuvre de Hermans, que l'auteur a interdite à la traduction pendant longtemps, suite à de mauvaises traductions françaises et allemandes, est redécouverte à l'heure actuelle.
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« La chambre noire de Damoclès » nous entraine dans une aventure très étrange, celle de Henri Osewoudt. Ce personnage connait une vie bien étrange. Il commence par voir sa mère tuer son père. Sa mère enfermée dans un centre psychiatrique, il se verra confier à un oncle qui a une fille, Ria. Cette cousine s'occupera d'une façon toute particulière de ce petit cousin.
Un jour il décide de refuser de suivre des études comme le souhaitait son oncle, et de reprendre la boutique que tenait ses parents. Puis c'est la deuxième guerre mondiale, l'occupation allemande. Un inconnu un jour sonne à sa boutique, entre et lui demande de lui faire développer une pellicule de photos en noir et blanc. Cet homme lui ressemble étrangement. C'est comme si tous deux étaient le négatif et le positif d'une même photo. Les seules différences sont que l'un est blond et imberbe (Henri), et l'autre est brun et très marqué à l'endroit de la barbe (Dorbeck).
A partir de là, une série de rencontres aura lieu entre les deux hommes, rencontres toujours brèves et où l'un (Dorbeck) commande à l'autre (Henri) des missions à faire.
C'est ainsi que Henri entrera en résistance contre l'occupant.
Ce livre est construit par W.F. Hermans de façon magistrale comme un thriller psychologique tendu et haletant. L'auteur s'amuse à brouiller les pistes, tour à tour à nous faire croire et à douter, à plaindre le héros et à le mépriser, à nous manipuler à en perdre la notion du bien et du mal, à ne plus savoir les distinguer. C'est étonnant et étrange. Que penser ? Que croire ? Il y a ambiguïté morale des situations, des actes, des comportements :
les meurtres que Henri commet sont justes pour lui car dictés par son double en qui il a une confiance aveugle, Dorbeck, la seule photo prise avec Dorbeck qui prouverait l'existence de ce dernier (véritable épée de Damoclès pour Henri) se révèle ratée.... A la fin du livre, l'hésitation est bien là. Qu'en est-il de Henri ? De Dorbeck ? Qui est l'un ? Où est l'autre ? Qu'en est-il de ce qui s'est réellement passé ? Est ce des faits de résistance ou de collaboration qui ont eu lieu ? Est ce que la vérité des libérateurs est la même que celle des libérés, ou l'emporte-t-elle pour des raisons d'état ?.....
Je n'en dis pas plus pour ne pas dévoiler le fond de l'histoire. A vous de lire et de découvrir « La chambre noire de Damoclès », véritable découverte d'un nouvel grand auteur.