de Peter May

Éditions Babel Noir Janvier 2014

Installé dans le Sud de la France, Peter May est l'auteur de nombreux romans policiers, notamment d'une série chinoise à succès.
Ce n'est pas ce que nous verrons ici, mais une trilogie policière qui se passe en Écosse, son pays d'origine.

Dans le premier livre, l'inspecteur Fin McLeod est envoyé sur son île natale, Lewis, car un meurtre vient d'être commis selon apparemment la même mise en scène que celui sur lequel il est en train d'enquêter à Édimbourg.
L'île de Lewis semble sortir d'un autre temps : on se chauffe à la tourbe, on y pratique le sabbat chrétien, et on y parle la langue gaélique.
Peter_May_1.jpeg Une autre tradition continue à exister : une expédition particulière organisée chaque été et qui conduit un groupe d'hommes sur l’îlot rocheux inhospitalier d'An Sgeir, où ces hommes tuent des milliers d'oiseaux nicheurs destinés à la consommation. Dix-huit ans auparavant, Fin a participé à cette sortie, et n'a plus ensuite remis les pieds sur l'île de Lewis.
Retourner dans son île natale, c'est replonger dans un passé qu'il souhaitait oublier.
Marsali, l'amour de jeunesse, vit avec Artair, copain de jeunesse.
Fin n'a aucune envie de retrouver tout cela.
Fausses pistes, dialogues à double sens, scènes glaçantes, Peter May ne nous épargne rien, jusqu'à la dernière ligne de son roman.

Dans le deuxième livre, « L'homme de Lewis », Fin McLeod vient de perdre son fils , ce qui a brisé son mariage, il démissionne de la police et décide de retourner dans son île natale. Il se réinstalle dans la maison de sa jeunesse, même en mauvais état.Peter_May_2.jpg Juste au moment où l'on vient de découvrir un cadavre d'un jeune homme miraculeusement bien conservé dans les tourbières. Une analyse ADN aboutit à compromettre le père de Marsali, son amour de jeunesse.Or ce père est atteint d'Alzheimer. Comment pouvoir enquêter avant que les policiers ne mettent le nez dedans et condamnent le père, sans véritable preuve, car Fin a un sérieux doute sur sa culpabilité.

Dans le troisième livre, « Le braconnier du lac perdu », Fin McLeod est engagé par un propriétaire terrien de l'île pour pourchasser les braconniers qui sévissent sur ses terres. L'un d'eux est un ancien ami d'enfance de Fin, Whistler, le plus brillant des enfants de l'île dans leur jeunesse, qui vit comme un vagabond, privé de la garde de sa fille unique. Ce qui l'a rendu très hostile à tout et à tout le monde.
Peter_May_3.jpeg Or Whistler l'a déjà sauvé deux fois de la mort. Et c'est le braconnier le plus redoutable de l'île.
Alors qu'ils viennent, tous deux, de traverser ensemble une nuit d'orages dans les landes, ils découvrent l'existence de l'épave d'un avion abritée depuis dix sept ans par un lac, alors que tout le monde croyait que cet avion avait disparu en mer. Cet avion recèle le corps d'un homme qui se révèle, après autopsie, avoir été assassiné.
Dans sa quête pour résoudre l'énigme, Fin opère un retour vers le passé qui le confronte aux 3 femmes qui ont marqué sa vie : Marsali qui a hanté toute son existence, Mairead à la voix pure qui a envoûté ses premières années d'homme, Mona dont l'a séparé pour toujours la mort tragique de leur fils.

Peter May a signé une trilogie grandiose, envoûtante, magnifique.
Il a su rendre à merveille l'atmosphère trouble, viciée, qui existe sur une petite île où tout le monde se connaît, où toutes les passions sont exacerbées, où la jalousie, les malentendus, la haine, ont régné en maître, où rien ne se pardonne, et où seule la mort peut venir à bout de tout.
C'est une trilogie qui ne s'oublie pas, par sa force, sa vérité, son réalisme.
On en sent encore les embruns sur le visage, la sauvagerie des lieux et des gens, la nature toute puissante, la fragilité de l'humain face à elle.
Un incontournable.