de Annie Ernaux

Éditions « Les Affranchis », NIL, mars 2011

Aux Éditions NIL, il existe une collection appelée « Les Affranchis » et qui demande aux auteurs retenus de rédiger une lettre que les hasards de la vie ne leur ont jamais donné l'occasion d'écrire.
9782841115396.gif Cette occasion a été saisie par Annie Ernaux pour écrire à une sœur qu'elle n'a jamais connue et dont elle n'a appris son existence qu'accidentellement, alors qu'elle avait 10 ans et que sa mère en parlait à une autre adulte, l'enfant se trouvant dans les parages. Cet aveu qui ne lui était pas destiné a bouleversé sa vie à jamais.
Elle, fille unique de parents très attentifs à sa santé et à son bien-être, seule sujet de leur amour commun, croyait-elle, découvre qu'elle n'était pas si unique que cela !
Sachant, de plus, que ses parents ne souhaitaient avoir, pour des raisons économiques, qu'un seul enfant, sa propre existence n'a été possible que parce que sa sœur était morte, avant elle, à l'âge de 6 ans , de maladie.
Cette découverte, cachée aux tréfonds d'elle-même, jamais Annie Ernaux n'a pu l'évoquer avec ses parents. Et une phrase la poursuit sans cesse, comme un leitmotiv, comme un glas, celle qui avait clos la confession de sa mère : «  Elle était plus gentille que celle-là ».

78 pages denses, intenses, écrites au cordeau, sans fioriture, à l'état brut, d'un style chirurgical, économe, d'une sobriété de ton, qui contrastent avec le fond, la déchirure, le traumatisme, le choc subis par l'auteur.
C'est tout le talent d'Annie Ernaux qui ressort, un talent immense, d'un très grand écrivain qui a réussi le challenge qu'elle s'était fixée au départ : elle n'était pas aussi gentille que l'autre, mais elle avait et a don, un si grand don, celui d'écrire !!!!!