de Rezvani

Éditions Actes Sud Mai 2003

Serge Rezvani est né d'un père iranien et d'une mère juive russe. Il arrivera en France après la mort de sa mère survenue alors qu'il n'était qu'un petit enfant. Son père s'occupera très peu de lui. Très tôt il se retrouvera seul, sans attache. C'est la peinture et Paris qui le construiront à ses débuts. Rezvani, aux multiples talents, deviendra également romancier : il écrira : « Les années lumière », « Les années Lulla »...., auteur de chansons à succès comme : « J'ai la mémoire qui flanche », « Le tourbillon de la vie », auteur de pièces de théâtre, d'essais, de poésies.....
rezvani_2.jpg Alors qu'il a 22 ans, en 1950, il rencontre la femme de sa vie, Danièle, 19 ans, avec laquelle il aura une histoire d'amour passionnée et passionnelle pendant cinquante ans.
Un jour d'août 1999, alors que tout le monde autour d'eux n'en a que pour l'éclipse qui est en train d'avoir lieu, la terrible nouvelle leur tombe dessus : Danièle, la femme qu'il aime, qu'il appelle aussi Lulla, est atteinte de la maladie d'Alzheimer.
C'est le début d'un long cauchemar qui commence.
Au nom d' l'amour qu'il a si longtemps partagé avec Lula, et qu'il continue à éprouver, il décide que, jusqu'au bout, il accompagnera la malade, quelque soit l'avancée des dégradations. Il ne veut pas qu'elle finisse dans une institution spécialisée, vrai couperet de la mort pour lui.
De 1999 à avril 2003, dans un carnet qu'il destinait au début à sa femme pour qu'elle écrive pour ne pas oublier, il inscrit au jour le jour les évènements qui ont lieu, les aggravations lentes mais continues qui détruisent progressivement sa muse. Lulla est physiquement ELLE, mais intellectuellement ce n'est plus ELLE. Peu à peu, il perd tout contact. Leur couple, fusionnel pendant cinquante ans, n'est plus. Il se retrouve seul pour la première fois depuis 1950. Elle devient de plus en plus étrangère. Rezvani se tourne vers l'écriture pour ne pas sombrer.
C'est un livre poignant, une ode à la femme aimée, un cri de désespoir devant la perte irrémédiable. Aucun traitement ne peut bloquer l'inexorable avancée de la maladie. Il pensait au début qu'il accompagnerait par l'écriture sa femme jusqu'au bout. Et puis un jour, avant que les dégradations ne soient trop importantes, par respect pour sa femme, il décide d'arrêter de témoigner.
Son livre se termine ainsi : « Cet assassinat des apparences ne peut s'écrire..... Les mots de la fin manquent à Alzheimer. Alzheimer tue les mots qui pourraient dire Alzheimer jusqu'à la fin ..... ».

Encré dans une problématique bien répandue à notre époque, mais avec un traitement très personnel et original, c'est un livre à lire et à relire, c'est une belle leçon d'amour, une ode à la vie qui continue malgré tout.