de Delphine de Vigan

Éditions J-C Lattès Novembre 2015

Delphine de Vigan est une romancière et réalisatrice française née en 1966 à Boulogne-Billancourt. Elle est l'auteur de sept romans dont « No et moi », Prix des Libraires en 2007.

Delphine de Vigan s'est révélé à mes yeux lors de la parution de son livre « Rien ne s'oppose à la nuit », livre qui a eu les prix FNAC, Grand Prix des lectrices d'Elle, et Prix Renaudot des lycéens.
Dans « D'après une histoire vraie », il semble que Delphine de Vigan ait voulu peut être s'éloigner du livre précédent qui évoquait pour elle un passé douloureux et très personnel.
de_Vigan_3.jpeg Pour ce faire, elle s'est comme dédoublée, et nous raconte une histoire qui arriverait à son double.
Delphine a mis beaucoup d'elle dans son précédent livre. Lorsqu'elle rencontre les journalistes ou les lecteurs, lectrices, les questions posées la ramènent sans cesse à son passé douloureux, alors que pour elle l'écrire et le publier, c'était avant tout prendre de la distance . Delphine peu à peu essaie de se sortir de son histoire. Elle rencontre lors d'une soirée chez des amis, une personne,L.
Cette personne, réelle ou créée, prend tout de suite une terrible emprise sur elle, la fagocite progressivement au cours de leurs rencontres, mais en s'arrangeant toujours à ne jamais croiser les personnes proches de Delphine.
Cette prise de possession n'a qu'un but, lui faire écrire une histoire qui soit une suite de « Rien ne s'oppose à la nuit », une histoire qui aille encore plus loin dans son intime, dans ce qu'elle a vécu. Mais Delphine ne veut pas. Peu à peu, elle bloque, et ne peut plus écrire une ligne.
Cette descente aux enfers est très bien décrite.
Ce qui est étonnant, c'est que ce roman qui a reçu le Prix Renaudot à sa sortie, peut être lu et interprété de deux façons :
soit c'est une histoire réellement vécue, et c'est une remarquable mise en abîme d'un être sans défense prise entre les mains d'une grande manipulatrice destructrice
soit c'est une fiction où se mêlent quelques éléments réels et cette histoire paraît alors malhabilement racontée. Elle se ramènerait à une historiette pour ados à laquelle on ne peut vraiment pas adhérer.
Le vrai sujet de ce livre est, me semble t il, qu'elle est la part du VRAI et la part de l'INVENTE dans les romans, qu'ils soient autobiographiques ou non. L'écrivain écrit sa part d'histoire personnelle, d'après ses propres souvenirs. Chaque vécu diffère, d'une personne à l'autre. Aussi sincère que soit celui qui écrit, l'histoire narrée ne sera pas exactement la même que celle vécue par des personnes proches présentes dans ces mêmes moments.
Ce livre, comme le précédent, touche à ce point sensible. Delphine de Vigan donne l'impression de vouloir brouiller les cartes par rapport à son précédent livre, en mélangeant dans « D'après une histoire vraie » le vrai et le faux, comme pour signifier aux lecteurs lectrices « Ne m'interrogez plus sur le les liens qui existent entre ma vie et mes livres », laissez moi à distance de tout cela.
Mais à vouloir trop brouiller les cartes et faire un mélange des genres, l'impression finale est un entre deux, et laisse un léger goût d'inachevé, par rapport au livre précédent qui paraissait plus sincère.