de Yasmina Khadra

Éditions Pocket Janvier 2017

« Yasmina Khadra est le nom d'écrivain de Mohammed Moulessehoul, né en Janvier 1955 à Kenadsa, dans la wilaya de Bechar, dans le Sahara algérien.
Ce pseudonyme est composé des deux prénoms de son épouse.
Son père est un officier de l'ALN blessé en 1958.
Yasmina_Khadra.jpg En 1964, il envoie son fils âgé de 9 ans à l'école des cadets d'El Mechouar à Tlemcen afin de le former au grade d'officier. A 23 ans, il sort sous-lieutenant de l'Académie militaire inter armes de Cherchell, avant de servir comme officier dans l'armée algérienne pendant 25 ans.
Durant la guerre civile algérienne, dans les années 90, il est l'un des responsables de la lutte contre l'AIS puis le GIA, en particulier en Oranie. Il atteint le grade de commandant.
Il fait alors valoir ses droits à la retraite et quitte l'armée en 2000 pour se consacrer à l'écriture.»

Le premier livre que j'ai lu de Yasmina Khadra est « L'attentat », il y a quelques années. J'avais beaucoup aimé ce livre.
L'occasion m'a été donné récemment de lire un deuxième livre de lui, livre offert à l'occasion des fêtes de Noël.

« Ce que le jour doit à la nuit » a été écrit en 2008.
Nous nous trouvons en Algérie dans les années 1930. Un homme est obligé de fuir son village situé dans une vallée de montagnes, suite à un incendie criminel qui l'a ruiné.
Il entraîne avec lui sa femme, sa fille handicapée et son fils.
Ils débarquent à Oran, traversent une ville pimpante et dynamique, aux yeux émerveillés du fils, et finissent par atterrir dans un quartier misérable, sans eau ni électricité, où un « marchand de biens » leur loue une pièce unique, sale et sans confort. L'enfant va devoir s'habituer à la promiscuité, aux cris …. un puits sans eau au milieu de la cour, la misère tout autour de lui, l'argent qui manque, un père qui essaie au jour le jour de trouver du travail pour nourrir sa famille … une mère dépassée, une petite sœur qui ne parle pas …
Un oncle pharmacien, sans enfant, et sa femme, vont finir par le récupérer, pour lui donner une éducation, et donc un bagage solide pour s'en sortir.

Younès, appelé aussi Jonas, son double occidentalisé, va nous faire vivre l'ambivalence de sa situation, ses déchirures, partagé entre ses origines algériennes, la perte de vue de sa famille de sang, et sa vie aisée chez son oncle, dans un quartier européen, parmi des amis européens.
Yasmina Khadra parle avec justesse et empathie de son pays, de la difficulté à avoir été colonisée, des pieds noirs qui considéraient l'Algérie comme leur patrie, des algériens qui se sentaient dépossédés car souvent traités comme des sous-hommes, des « larbins », des occasions ratées de communautés qui auraient pu vivre ensemble en se respectant mutuellement …
C'est un très beau livre, écrit dans une belle langue, et dont l'amour du pays ressort à chaque ligne, qu'il soit vu aussi bien du côté des algériens que des pieds-noirs.
Je l'ai quitté avec du soleil au cœur, et le regret que tout ne se soit pas fait de façon plus douce, l'indépendance, une nécessaire réalité, mais payée au prix fort des deux côtés.

Merci à Yasmina Khadra et à ma fille de m’avoir fait passé un temps enrichissant, dépaysant et émouvant, en lisant : « Ce que le jour doit à la nuit », un vrai plaisir de lecture.

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