de Juan Marsé

Éditions Christian Bourgois Janvier 2012

Juan Marsé est né à Barcelone le 8 janvier 1933. Orphelin de mère, il sera adopté par le couple Marsé. A 13 ans il travaillera comme apprenti joaillier. Dans les années 60, il sera garçon de laboratoire, à Paris, à l'Institut Pasteur. Il donnera des cours d'espagnol à la fille du pianiste Robert Casadessus.
Marse.gif Devenu écrivain, il s'inspire dans ses livres de sa propre vie. Il est aussi traducteur et scénariste. Il a reçu le prix Planeta en 1978 pour La muchacha de las bragas de oro , le prix Juan Rulfo en 1997 pour l'ensemble de son œuvre et le prix Cervantes en 2008.



« Calligraphie des rêves » nous entraine dans le monde de Ringo. C'est un enfant de douze ans et un grand rêveur. Il aime s'immerger dans son quartier (plus particulièrement le bistrot de Mme Paquita), regarder autour de lui et observer les gens du peuple qui l'entoure.
C'est tout un monde qu'il magnifie au travers du regard qu'il lui porte :
Mme Mir, la voisine amie de ses parents qui pleure après son vieil amant qui l'a quittée, et qui est une masseuse aux doigts de fée, son père chasseur de rats bleus, et qui disparaît régulièrement et mystérieusement, sa mère qui est infirmière tout en ne l'étant pas, l'enfant qui pleure de rage parce qu'il ne veut pas des petites roues à son vélo qui l'aident à ne pas tomber, la jeune gitane-enfant déjà mère, et lui Ringo fou de musique et d'écriture…..
Juan Marsé nous envoûte littéralement. Il crée une atmosphère enveloppante et prenante. Il nous amène dans les bas fonds d'un Barcelone encore sous le régime franquiste. Il nous raconte son propre parcours.
Les personnages sont désemparés, sans avenir, sans espoir de s'en sortir. Mais, pour Ringo, ce n'est pas ce qu'il voit : pour lui, tous vivent, espèrent, jouent, se côtoient, s'affrontent, se soutiennent ….
Au travers des rêves de Ringo, c'est toute une Espagne de la période franquiste que Juan Marsé fait revivre. De plus, Juan Marsé aime ses personnages avec leurs grandeurs et leurs faiblesses. Il nous les fait aimer.
Et quelle belle écriture, quel style, quelles sonorités nous bercent tout au long de la lecture ! Ce que j'appelle la musique de la langue ! Merci au traducteur Jean-Marie Saint-Lu qui a su si bien la transcrire.
Et merci à Juan Marsé, jeune homme de 79 ans, de nous avoir fait cadeau d'un si beau livre !