de Arnaldur Indridason

Éditions Points Policier Mai 2014

Arnaldur Indridason est né en Islande en 1961. Il est journaliste, critique de cinéma et écrivain.
Ce qui l'a fait connaître, c'est sa série policière avec comme personnage culte le commissaire Erlendur.
Mais il lui est arrivé « d'échapper » à son commissaire, comme dans « Betty », roman noir remarquable, et dont j'ai fait il n'y a pas si longtemps une chronique.
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Dans « Étranges rivages », Arnaldur Indridason revient à Erlendur, mais il ne s'agit pas de retrouver notre homme confronté à une enquête policière.
On retrouve Erlendur sur les traces de son passé, passé qui le poursuit sans cesse.
Erlendur a perdu son frère très jeune, dans des circonstances dramatiques, qui ont marqué non seulement Erlendur mais aussi sa famille, son père, sa mère.
Erlendur commence à vieillir. Il a pris un congé, est parti de Reykjavik sans dire à personne vraiment où il allait et pourquoi il y allait. Il se retrouve dans ce qui a été autrefois sa maison, bâtisse délabrée et ouverte à tous vents, et où tout son passé peut resurgir dans toute sa force, sans que rien ne s'interpose.
Toute sa vie aura été marquée par un sentiment de culpabilité, qu'il voudrait essayer d'exorciser, en retrouvant une trace de ce frère trop tôt disparu.
Le temps commence à être hivernal. Il campe dans la maison. Il sillonne à pied le pays à la recherche de quelque chose qui pourrait l'amener à un début d'explication sur le lieu et la façon dont son frère a disparu. Le fait de ne pas savoir lui est de plus en plus intolérable. Vieillir n'estompe pas ses souvenirs, ça les ravive.
Au cours de ses marches, il croise un homme, Boas, qui habite le coin, et qui essaie de dénicher, pour le tuer, un renard qui s'attaque à ses moutons.
Erlendur fuit tout contact humain. Mais là, il est obligé de faire un peu de sociabilité.
Boas lui raconte pendant sa chasse que dans les tanières de renards l'on peut découvrir parfois toutes sortes de choses étonnantes comme des ossements d'animaux, mais aussi des bouts de tissus, des objets ….. Erlendur plein d'espoir lui demande si il a trouvé au cours de ses chasses, des vêtements d'enfants, une petite auto rouge, ou des ossements humains ….. qui l'amènerait à savoir enfin ce que son frère était devenu …. Boas n'a rien trouvé de tel.
De fil en aiguille, Boas lui parle de la disparition d'une troupe anglaise dans les années 40, et de la façon dont celle-ci avait été résolue à l'époque, couplée à la disparition d'une jeune femme, Matthildur, lors d'une fameuse tempête qui s'était abattue dans la région. Les soldats morts ou vivants avaient tous été retrouvés, mais la jeune femme, jamais.
Erlendur, titillé par cette histoire qui le ramène à la disparition de son frère, se met en tête de retrouver tous les protagonistes encore vivants, pour essayer de savoir ce qu'est réellement devenue Matthildur.
L'on ne peut que suivre, au fil des pages, avec la même envie et le même désir de trouver qui poussent Erlendur, d'un lieu à un autre, d'une personne à une autre.
Le passé, lorsqu'il refait surface, n'est pas toujours bon pour tout le monde.
Certains aimeraient savoir, d'autres préfèrent oublier.
C'est toute la nature humaine dans sa complexité et sa diversité qui apparaît, sous la plume d' Arnaldur Indridason.
Je regrettai l'absence d'Erlendur dans « La muraille de lave », c'est un vrai plaisir de le retrouver dans « Étranges rivages ».
Merci Mr Indridason !