de Audur Ava Olafsdottir

Éditions Zulma

Octobre 2017




Audur Ava Olafsdöttir est née en 1958 à Reykjavik, en Islande.
Elle a fait des études en histoire de l'art à la Sorbonne à Paris.
Ce séjour dans un pays catholique l'amène à se convertir au catholicisme.
Elle est professeur d'histoire de l'art à l'université d'Islande et directrice du Musée de l'Université d'Islande. A ce titre elle donne de nombreuses conférences et a organisé plusieurs expositions.
Elle a été lauréate du prix des libraires canadiens en 2011 pour Rosa Candida, paru en 2007, et qui ne sera traduit en français qu'en 2010 aux éditions Zulma, son troisième livre après « Le rouge vif de la rhubarbe » paru en 1998, et « L'embellie » paru en 2004, qui reçoit le prix de la littérature de la ville de Reykjavik.
Olafsdottir.jpeg Le théâtre national islandais a produit sa première pièce de théâtre à l'automne 2011.
Elle a reçu le prix littéraire des jeunes Européens pour son roman « L'exception » paru en 2012 dans son pays.

« Ör » est son dernier roman.
Ör signifie cicatrices en islandais, les cicatrices que laissent une vie difficile, dans le monde occidental actuel et où trouver un sens à sa vie peut se révéler impossible.

Jonas Ebeneser est à un âge de sa vie où il se sent très seul.
Sa mère, ancienne professeur de mathématiques, est en maison de retraite et n'a plus toute sa tête. Il a quelques difficultés à échanger avec elle.
Sa femme l'a quitté huit ans plus tôt. Il a toujours du mal à s'en remettre.
Sa fille est partie de la maison, devenue adulte, elle est spécialiste de l’écosystème des océans, et a sa vie. Il se sent donc très seul.
Sa seule distraction, c'est de restaurer, retaper, réparer.
Il a un voisin, Svanur, retraité depuis peu, qui se balade toujours avec son chien, et qui échange parfois avec lui, se sentant aussi esseulé que lui.

Après s'être fait tatouer un nymphéa au niveau du cœur, en hommage à sa fille dont s'est le prénom, il décide d'en finir avec la vie qu'il mène. Il met en ordre ses affaires, fait le tri chez lui, se débarrasse de tout.
Après avoir pensé à une solution radicale, mais qui désolerait trop sa fille, il décide de partir loin, dans un pays en guerre, où son existence puisse être mise en péril à tout instant, où la prolongation de sa vie dépendrait du hasard des rencontres, et des périls éventuels qui pourraient se mettre sur sa route.
Parti du jour au lendemain, sans aucun au revoir à quiconque, Ebeneser se retrouve dans un hôtel du bout du monde à moitié en ruines …. avec sa caisse à outils pour tout bagage et sa perceuse en bandoulière ..... et le côtoiement des gens du cru, des rescapés de l'apocalypse … sortis d'un certain enfer et manifestant une volonté et une soif de vivre qui vont le faire réfléchir.
Entre bricolage et rencontres avec les rares clients et les gérants de l’hôtel, Jonas revisite ses souvenirs, reconsidère son existence, trouve une place, se remet à vivre.

Ör est en définitive un roman poétique et profond, drôle, délicat, d’un homme qui s’en va loin de chez lui, à la recherche de sa propre fin, et qui finira par se demander si c'est vraiment cela qu'il est souhaitable pour lui de réaliser.
Entre un passé qui le rattrape et un présent qui le bouscule, un état intérieur nouveau paraît s'être fait jour.

Composé de deux parties, « Chairs » et « Cicatrices », le livre est rythmé par des citations qui cadencent l'histoire, la poétisent, comme : « Je suis une forêt pleine de ténèbres et de grands arbres sombres, mais qui ne craint pas mes ténèbres trouvera sous mes cyprès des guirlandes de roses. » « Expérience merveilleuse, la souffrance éveille l'espoir » « Le verbe s'est fait chair, et il demeura avec nous » « Un aller simple pour la lune » etc.... Audur Ava Olafsdöttir écrit en phrases simples, limpides, courtes, les dialogues sont nombreux et vivants, de la belle littérature, c'est un vrai plaisir de lecture, un mélange savamment élaboré de moments tristes et gais. A lire, par les temps bousculés que nous vivons.