L'as-tu lu ? - Mot-clé - Lançon "Que ce partage littéraire vous entraîne à ma suite et vous fasse apprécier ou découvrir de nouveaux livres, ceux que j'ai aimé!" Andrée Laporte-Daube 2023-06-28T12:35:35+02:00 Andrée Laporte-Daube urn:md5:99f739630097cd9959297a3ff06d8794 Dotclear Le Lambeau urn:md5:bf6d3e0942490e1b60231da70b8f7055 2018-08-27T17:12:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Biographies Lançon <h3>de Philippe Lançon<br /></h3> <h4>Éditions Gallimard Avril 2018<br /></h4> <p>7 Janvier 2015 : journée qui aurait dû rester ordinaire.<br /> Comme d'habitude, un lundi matin, Philippe Lançon se lève, se prépare, sort dans la rue, prend son vélo, s'arrête pour s'acheter et boire un yaourt, hésite à aller à Libé ou à Charlie, deux journaux pour lesquels il travaille en tant que journaliste, puis finalement décide de commencer par Charlie.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Le_Lambeau__Philippe_Lancon_s.jpg" alt="Le_Lambeau__Philippe_Lancon.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Le_Lambeau__Philippe_Lancon.jpg, août 2018" /> Le comité de rédaction est déjà réuni. Il s'assoie et s'associe aux discussions. Notamment, il est question du livre de Houellebecq « Soumissions ».<br /> Ils sont deux à l'avoir lu et à y trouver de l'intérêt. Les autres ne l'ont pas lu mais sont contre...<br /> Et puis, tout à coup,des bruits inhabituels dans le couloir qui mène là où ils sont tous réunis, bruits qui se rapprochent, une silhouette noire apparaît, des crépitements, un instinct de survie, Philippe Lançon se retrouve allongé par terre, ça tire au dessus de lui, il ne ressent rien, seulement, tout à coup, sous ses yeux, la cervelle de l'économiste Bernard Maris qui s'échappe de la boite crânienne …. et lui aura le bas du visage éclaté, emporté ….. l'enfer sur terre.<br /> Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, Riss …. les morts semblaient danser comme chez Matisse …. des minutes qui paraissent une éternité.<br /> Les premiers témoins, les premiers secours, l'arrachement à ce lieu détruit, les premiers soins, l'ambulance, l'hôpital Pitié-Salpêtrière ….<br /> Philippe Lançon va commencer à vivre un long parcours du combattant, entre les mains de chirurgien(e)s, d'infirmer(e)s, d'aide-soignants …..<br /> une reconstruction si longue et douloureuse pour une « gueule cassée », complètement cassée, dont il faut entièrement refaire la mâchoire du bas qui n'existe plus, emportée par une balle envoyée par le terroriste.<br /> Philippe Lançon retrace, deux ans après cette année terrible, le long combat de reconstruction physique et morale, qu'il a dû assumer, porté, aidé par sa famille, ses ami(e)s, le personnel de l'hôpital, puis du Val de Grâce, mais aussi aidé par une force intérieure, une volonté supérieure au délabrement physique qui s'en est suivi, ne pouvant pas s'alimenter normalement, s'aidant de la musique (Bach), des livres (Kafka, Proust).<br /> Dans une belle langue, claire, concise, sans fioriture, il décrit sa vie d'après attentant d'une façon telle que la lectrice que j'ai été a, à plusieurs reprises, été complètement bouleversée, émue, troublée …<br /> Le livre s'arrête au moment où , ayant commencé à reprendre du poil de la bête, il part à New-York rejoindre Gabriela, sa compagne, et là, coup de fil d'un ami français vivant à New-York, il apprend qu'un nouveau grave attentat a été commis à Paris, nous sommes alors le 13 novembre 2015. Un choc, « un décollement de conscience » comme le mentionne Philippe Lançon, qui le fait replonger dans l'enfer vécu quelques mois plus tôt.<br /></p> <p>C'est fou ce qu'il faut de ressources pour faire face aux horreurs consécutives à un attentat provoqué par des idées : dans le cas présent, visant des personnes appartenant à un journal satyrique, ayant eu le tort pour certains, le courage ou l'envie pour d'autres, de pouvoir et vouloir rire de tout et librement.<br /> Dans quel monde vivons-nous pour en être arrivé là ?<br /> Certains l'ont payé de leurs vies, les autres doivent continuer à vivre avec les absents, éclopés à vie, moralement, physiquement.<br /> C'est une vraie plongée en abîme, dans l’intimité d'une victime, ce n'est pas du voyeurisme, c'est de l’empathie, de la compassion, le désir de partager une épreuve subie, de dire moi lectrice, je suis là pour alléger, si tant est que ce soit possible, la peine, la douleur, les souffrances que l'écrivain a subi et qu'il a décrit, en partage, comme une libération, une thérapie.<br /> C'est un livre qui ne s'oublie pas, que je n'oublierai pas.</p>