L'as-tu lu ? - Romans étrangers "Que ce partage littéraire vous entraîne à ma suite et vous fasse apprécier ou découvrir de nouveaux livres, ceux que j'ai aimé!" Andrée Laporte-Daube 2023-06-28T12:35:35+02:00 Andrée Laporte-Daube urn:md5:99f739630097cd9959297a3ff06d8794 Dotclear Les fantômes de Manhattan urn:md5:5bf59d5078a73f580138b0c910ddf73c 2020-09-28T14:54:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de R.I. Ellory<br /></h3> <h4>Le Livre de Poche<br /></h4> <h5>Juin 2019<br /></h5> <p>R. J. Ellory est né en 1965 en Angleterre. Après l’orphelinat et la prison, il devient guitariste dans un groupe de Rythm and Blues, puis se tourne vers la photographie et l’écriture. Il mettra plusieurs années à se faire publier.<br /> En France, le succès sera immédiat avec son roman « Seul le silence », prix Nouvel Obs/BibliObs du roman noir 2009, qui conquiert plus de 500 000 lecteurs.<br /></p> <p>Dans « Les fantômes de Manhattan », l'auteur nous entraîne dans la vie de Annie O'Neill.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Ellory_les_fantomes_s.jpg" alt="Ellory les fantomes.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Ellory les fantomes.jpg, mar. 2020" /> Annie tient une petite librairie en plein cœur de Manhattan, que lui ont légué ses parents. La librairie a ses fidèles lecteurs et acheteurs. Annie se contente de cela.<br /> Jusqu'au jour où elle voit « débarquer » dans sa vie deux personnages.<br /> Le premier est un vieux monsieur étrange qui dit avoir connu son père, mystérieusement disparu alors qu'elle était toute jeune. Pour lui prouver que c'est vrai, il lui donne par petits bouts et étalé dans le temps, un texte que ce père aurait écrit.<br /> Le deuxième est un beau jeune homme qui l'intrigue et l'attire.<br /> Ces deux rencontres vont bouleverser sa vie.<br /> Je ne vous en dis pas plus. Je vous laisserai le plaisir de découvrir pourquoi.<br /> R.J. Ellory a un art consommé pour raconter une histoire, il nous amène où bon lui semble, d'une écriture ciselée et enlevée. Lorsqu'on connaît le passé très chaotique qu'il a connu enfant, adolescent, jeune adulte, allant jusqu'à faire de la prison, on ne peut qu'être étonné et admiratif devant le trajet parcouru.<br /> Les mêmes qualités de conteur et d'écrivain, je les avais déjà trouvées dans « Seul le silence », grand roman que j'ai aussi beaucoup aimé.</p> http://www.lastulu.com/post/Les-fant%C3%B4mes-de-Manhattan#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/246 Le cœur de l'Angleterre urn:md5:926556f26a0ea47c662cc70ffcfc1199 2020-04-20T09:54:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>Jonathan Coe<br /></h3> <h4>Éditions Gallimard Août 2019<br /></h4> <p>Jonathan Coe est né en 1961 à Birmingham.<br /> Il a fait ses études à Trinity College à Cambridge. Il a écrit des articles pour le Guardian, la London Review of Books, le Times Literary Supplement...<br /> Il a reçu le prix Femina Étranger en 1995 pour son quatrième roman, Testament à l’anglaise et le prix Médicis Étranger en 1998 pour La Maison du sommeil.<br /></p> <p>Dans « Le cœur de l'Angleterre », Jonathan Coe nous brosse sans complaisance un portrait de l'Angleterre des années d'avant Brexit, jusqu'au Brexit lui-même. De sa plume alerte, il n'épargne rien ni personne. Et c'est jubilatoire.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Jonathan_Coe_7.jpg" alt="Jonathan Coe 7.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Jonathan Coe 7.jpg, avr. 2020" /> Il évoque les situations les plus diverses, les années Thatcher avec ses fermetures d'usines, les régions sinistrées, les milieux journalistiques et politiques, leur connivence, les frontières qui s'effacent, les relations personnelles qui se nouent, bravant toute déontologie professionnelle, les partis au pouvoir, travailliste, conservateur, leurs prises de position excessives, leur déconnexion d'une certaine réalité, les familles séparées, recomposées, le mal être profond d'une certaine jeunesse, …..<br /> Du premier gouvernement de coalition en Grande Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, du souffle apporté par les Jeux Olympiques de 2011 au référendum sur le Brexit, et à son succès au résultat très serré, l'auteur décrit avec une grande justesse, ces malaises successifs qui ont traversé la société anglaise, divisé les familles, les amis, et aboutit au bout du bout à l'élection de Boris Johnson.<br /> Parfois se trouvent des échappées poétiques, voire mélancoliques, lorsqu’il décrit la campagne anglaise, un moulin au bord d'une rivière, la Provence, ….<br /> Et par dessus tout cela, cet humour si « british », à la fois tendre et corrosif, qui rend la lecture de ce livre si agréable.<br /> Jonathan Coe continue à nous faire partager ses vues sur l'Angleterre avec cet art consommé qui le caractérise.<br /> Je dois même avouer qu'à un moment donné, dans ce roman, je n'ai pu m’empêcher d'avoir un fou rire irrépressible lors d'une scène qui restera à mes yeux si mémorablement drôle ….<br /> Par ces temps de confinement, c'est une belle évasion, et si vous ne l'avez pas encore lu, n'hésitez pas à le faire … vous y passerez du bon temps.<br /></p> http://www.lastulu.com/post/Le-c%C5%93ur-de-l-Angleterre#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/248 Ör urn:md5:6326309ba08c2610d7b2f5d913b6d18d 2020-03-12T14:03:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de Audur Ava Olafsdottir<br /></h3> <h4>Éditions Zulma<br /></h4> <h5>Octobre 2017<br /></h5> <pre></pre> <p>Audur Ava Olafsdöttir est née en 1958 à Reykjavik, en Islande.<br /> Elle a fait des études en histoire de l'art à la Sorbonne à Paris.<br /> Ce séjour dans un pays catholique l'amène à se convertir au catholicisme.<br /> Elle est professeur d'histoire de l'art à l'université d'Islande et directrice du Musée de l'Université d'Islande. A ce titre elle donne de nombreuses conférences et a organisé plusieurs expositions.<br /> Elle a été lauréate du prix des libraires canadiens en 2011 pour Rosa Candida, paru en 2007, et qui ne sera traduit en français qu'en 2010 aux éditions Zulma, son troisième livre après « Le rouge vif de la rhubarbe » paru en 1998, et « L'embellie » paru en 2004, qui reçoit le prix de la littérature de la ville de Reykjavik.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Olafsdottir_s.jpg" alt="Olafsdottir.jpeg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Olafsdottir.jpeg, mar. 2019" /> Le théâtre national islandais a produit sa première pièce de théâtre à l'automne 2011.<br /> Elle a reçu le prix littéraire des jeunes Européens pour son roman « L'exception » paru en 2012 dans son pays.<br /></p> <p>« Ör » est son dernier roman.<br /> Ör signifie cicatrices en islandais, les cicatrices que laissent une vie difficile, dans le monde occidental actuel et où trouver un sens à sa vie peut se révéler impossible.<br /></p> <p>Jonas Ebeneser est à un âge de sa vie où il se sent très seul.<br /> Sa mère, ancienne professeur de mathématiques, est en maison de retraite et n'a plus toute sa tête. Il a quelques difficultés à échanger avec elle.<br /> Sa femme l'a quitté huit ans plus tôt. Il a toujours du mal à s'en remettre.<br /> Sa fille est partie de la maison, devenue adulte, elle est spécialiste de l’écosystème des océans, et a sa vie. Il se sent donc très seul.<br /> Sa seule distraction, c'est de restaurer, retaper, réparer.<br /> Il a un voisin, Svanur, retraité depuis peu, qui se balade toujours avec son chien, et qui échange parfois avec lui, se sentant aussi esseulé que lui.<br /></p> <p>Après s'être fait tatouer un nymphéa au niveau du cœur, en hommage à sa fille dont s'est le prénom, il décide d'en finir avec la vie qu'il mène. Il met en ordre ses affaires, fait le tri chez lui, se débarrasse de tout.<br /> Après avoir pensé à une solution radicale, mais qui désolerait trop sa fille, il décide de partir loin, dans un pays en guerre, où son existence puisse être mise en péril à tout instant, où la prolongation de sa vie dépendrait du hasard des rencontres, et des périls éventuels qui pourraient se mettre sur sa route.<br /> Parti du jour au lendemain, sans aucun au revoir à quiconque, Ebeneser se retrouve dans un hôtel du bout du monde à moitié en ruines …. avec sa caisse à outils pour tout bagage et sa perceuse en bandoulière ..... et le côtoiement des gens du cru, des rescapés de l'apocalypse … sortis d'un certain enfer et manifestant une volonté et une soif de vivre qui vont le faire réfléchir.<br /> Entre bricolage et rencontres avec les rares clients et les gérants de l’hôtel, Jonas revisite ses souvenirs, reconsidère son existence, trouve une place, se remet à vivre.<br /></p> <p>Ör est en définitive un roman poétique et profond, drôle, délicat, d’un homme qui s’en va loin de chez lui, à la recherche de sa propre fin, et qui finira par se demander si c'est vraiment cela qu'il est souhaitable pour lui de réaliser.<br /> Entre un passé qui le rattrape et un présent qui le bouscule, un état intérieur nouveau paraît s'être fait jour.<br /></p> <p>Composé de deux parties, « Chairs » et « Cicatrices », le livre est rythmé par des citations qui cadencent l'histoire, la poétisent, comme : « Je suis une forêt pleine de ténèbres et de grands arbres sombres, mais qui ne craint pas mes ténèbres trouvera sous mes cyprès des guirlandes de roses. » « Expérience merveilleuse, la souffrance éveille l'espoir » « Le verbe s'est fait chair, et il demeura avec nous » « Un aller simple pour la lune » etc.... Audur Ava Olafsdöttir écrit en phrases simples, limpides, courtes, les dialogues sont nombreux et vivants, de la belle littérature, c'est un vrai plaisir de lecture, un mélange savamment élaboré de moments tristes et gais. A lire, par les temps bousculés que nous vivons.</p> http://www.lastulu.com/post/%C3%96r#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/242 L’Étoile du Nord urn:md5:be7c0cd6c27888b83dd9d7964b807679 2019-12-08T20:40:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers David B John <h3>de David B. John<br /></h3> <h4>Éditions Équinox les Arènes<br /></h4> <h5>Janvier 2019<br /></h5> <p>David B. John est né au Pays de Galles. Il a commencé à travailler comme avocat avant de se lancer dans l'édition de livres d'histoire et de sciences pour les enfants. En 2009, il déménage à Berlin où il écrit son premier roman « Flight from Berlin ». En 2012, une visite en Corée du nord lui inspire « L'étoile du Nord ». Il vit désormais à Londres.<br /></p> <p>Ce livre récent colle bien à l'actualité.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.D_B_John_s.jpg" alt="D B John.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="D B John.jpg, mai 2019" /> En effet, sous couvert de roman d'espionnage, David B. John nous décrit une Corée du Nord qui est plutôt « glaçante ».<br /> Ce livre bien documenté se base sur des faits réels.<br /> La Corée du Nord a, il y a quelques décennies, a fait enlever des jeunes dans leurs pays d'origine, les a fait disparaître, les a « embrigadés », transformés, leur a lavé le cerveau, pour en faire dans un futur programmé des bombes à retardement envoyés dans leur pays d'origine considérés par les dirigeants de la Corée du Nord comme pays ennemis, pour leur nuire : Corée du Sud, Japon, USA …<br /></p> <p>Pour en revenir à notre roman, Jenna, jeune américaine, née d'un père militaire africaino-américain et d'une mère d’origine coréenne, est à la recherche de sa sœur jumelle qui a disparu mystérieusement en Corée du Sud alors qu'elle s'apprêtait à se baigner avec son petit copain sud coréen. Aucun corps n'a jamais été retrouvé, la thèse officielle restant qu'il s'agissait simplement d'une double noyade.<br /> Jenna ne peut croire à cette thèse.<br /> Étudiante universitaire puis professeur très brillante, elle se laisse approcher par un membre de la CIA dans l’espoir de pouvoir aller un jour en Corée du Sud éclaircir les circonstances de la disparition de sa jumelle, ne pouvant admettre sa mort proclamée.<br /></p> <p>En Corée du Nord, le colonel Cho fait de son côté une brillante carrière dans les hautes sphères du pouvoir, ainsi que son frère. Tous deux montent dans la hiérarchie jusqu'à s'approcher de très près du « père de la nation ».<br /> Adoptés par un couple appartenant à la nomenklatura, il semble qu'ils aient une voie royale devant eux. Mais qu'en est il de leurs origines biologiques s'inquiète l'un des deux frères, craignant que leur passé inconnu ne leur nuise.<br /></p> <p>Mo est une vieille paysanne qui survit au fond de sa campagne, en essayant de vendre sur un marché toléré de la petite ville voisine le peu qu'elle a.<br /></p> <p>Nous suivons les vies de Jenna, Cho, Mo, chahutées par un contexte politique dont ils ne sont pas maîtres.<br /> Grâce à David B. John, nous pénétrons dans cette mystérieuse Corée du Nord que peu de personnes connaissent. C'est un système qui broie comme savent si bien le faire les régimes dits communistes.<br /> C'est effrayant et cela recoupe tellement d'autres situations identiques (Venezuela, Cuba, Russie ….).<br /> Ce livre d'espionnage se lit d'une seule traite malgré sa densité, c'est haletant, vrai, terrible.<br /> A la fois roman et documentaire. Instructif et passionnant, jamais ennuyeux.</p> http://www.lastulu.com/post/L%E2%80%99%C3%89toile-du-Nord#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/241 D’ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds , A la mesure de l'univers urn:md5:347cbe2668b7fbc30e3728b49c63cfa1 2019-06-07T16:04:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>D’ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds<br /> de Jon Kalman Stefansson<br /></h3> <h4>Éditions Folio Poche Décembre 2016<br /></h4> <h3>A la mesure de l'univers<br /> de Jon Kalman Stefansson<br /></h3> <h4>Éditions Folio Poche Août 2018<br /></h4> <p>Jon Kalman Stefansson est né à Reykjavik en 1963.<br /> A la sortie du collège, il exerce divers métiers comme pêcheur, maçon ….<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Stefansson_1.jpeg" alt="Stefansson 1.jpeg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Stefansson 1.jpeg, mar. 2019" /> De 1981 à 1986 il entreprend des études en littérature à l'Université, tout en donnant des cours dans différentes écoles, écrit pour des journaux. Il vit ensuite quelques temps à Copenhague, puis revient en Islande où il s'occupe d'une bibliothèque jusqu'en 2000. En 1997, il publie son premier roman. Il est l'auteur d'une trilogie ( « Entre ciel et terre » 2007, « La tristesse des anges » 2009, « Cœur de l'homme » 2011) qui l'impose comme l'un des écrivains les plus importants de son pays.<br /> Il publie en 2013 « D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds », paru en France en 2015, suivi de « A la mesure de l'univers ».<br /></p> <p>Au travers de trois générations l'auteur brosse le portrait de son pays, l'Islande : sauvage, âpre et nostalgique.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Stefansson_2_s.jpg" alt="Stefansson 2.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Stefansson 2.jpg, mar. 2019" /> Ari est un éditeur exilé un certain temps au Danemark, pour avoir voulu fuir une situation qu'il ne savait comment régler, marqué par la disparition de sa mère alors qu'il n'était encore qu'un enfant.<br /> Oddur, son grand-père, a été un capitaine courageux mais despotique, qui en a fait voir à sa famille.<br /> Sa grand-mère Margret, à la sensualité rare, quant à elle, a lutté pour se construire une vie contre vents et marées.<br /> Son père, leur fils, Jakob, est toujours fuyant et absent aux yeux d'Ari, ce qui l'a profondément marqué.<br /></p> <p>Quand Ari reviendra en Islande, c'est parce que son père se meurt, aux dires de la deuxième femme de ce dernier, elle lui conseille de faire la paix avec lui avant qu'il ne disparaisse.<br /> A Keflavik, il retrouve le passé. Chaque rue traversée, chaque maison aperçue, le bord de mer entravé pour des histoires de droit de pêche, la présence d'une base militaire américaine toujours là, des personnes croisées, tout est là pour le ramener à ses souvenirs qu'il a voulu fuir.<br /> Arrivera t il à temps à parler et à pardonner à celui qui n'a jamais su communiquer avec lui ?<br /></p> <p>L'auteur se joue du présent et du passé, jongle avec les dates et les lieux, dans les deux livres. Il faut au début s'accrocher car les noms islandais ne sont pas faciles à retenir. Mais en les côtoyant au fil des pages, on finit par s'y retrouver. J'aime bien cette façon non chronologique de raconter, c'est comme dans la vraie vie, où l'on peut passer dans sa tête d'un sujet à l'autre, d'un lieu à l'autre, d'une époque à l'autre. Ce sont des livres à la fois descriptifs, profonds et poétiques, qui nous donnent une très belle approche de ce qu'est l'Islande, et de ce que sont ses habitants.<br /></p> <p>« La vie naît par les mots et la mort habite le silence.C'est pourquoi il nous faut continuer d'écrire, de conter, de marmonner des vers de poésie et des jurons, ainsi nous maintiendrons la faucheuse à distance, quelques instants . »<br /></p> <p>A lire, vraiment ! Incontournables !</p> http://www.lastulu.com/post/D%E2%80%99ailleurs%2C-les-poissons-n-ont-pas-de-pieds-%2C-A-la-mesure-de-l-univers#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/231 La vraie vie urn:md5:56cfe53e56d21724c595cc430d776f14 2019-06-04T18:00:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de Adeline Dieudonné<br /></h3> <h4>Éditions L'Iconoclaste Août 2018<br /></h4> <pre></pre> <p>Adeline Dieudonné est née en 1982. Elle vit à Bruxelles. Elle est lauréate du Grand Prix du Concours de le Fédération Wallonie-Bruxelles pour sa nouvelle « Amarula ».<br /> « La vraie vie » est son premier roman.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Dieudonne_1_s.jpg" alt="Dieudonné 1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Dieudonné 1.jpg, mar. 2019" /></p> <p>Un pavillon perdu parmi d'autres, dans un lotissement. Une famille y vit, le père, la mère, le fils, et la fille, narratrice de l'histoire. Le père est chasseur de gros gibiers, et collectionneur de trophées de chasse qu'il expose dans une pièce spéciale dans le pavillon. C'est un homme qui paraît à l'extérieur réservé, mais normal.<br /> Mais en famille, il est sombre, et souvent très violent, dès que la porte se referme. Il terrorise les siens, et en tout premier lieu, sa femme, transparente, craintive, soumise à ses humeurs.<br /> Les enfants essaient de vivre, de survivre, en créant notamment un monde à eux deux.<br /> Malgré leur différence d'âges, ils sont très proches, la grande sœur se sentant un devoir de protéger son petit frère. Jusqu'au jour où le père, machiavélique, se donnera les moyens de les séparer, de les éloigner l'un de l'autre. Elle se sentira alors en grand danger, par rapport à son père, face à une mère faible, manipulée, victime elle-même.<br /> La tension monte, au fil des pages. Le père invente, crée des situations de plus en plus intenables. Est-ce que le mal incarné va l'emporter ? Ce monstre qui use et abuse de de sa position de chef de famille, et de sa force, ira-t-il jusqu'au bout de l'horreur ?<br /></p> <p>C'est un livre haletant et sombre, un premier roman d'un auteur qui promet.</p> http://www.lastulu.com/post/La-vraie-vie#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/232 Rosa Candida urn:md5:35d19fab7387bf7c514ce0e8f1355cc9 2019-05-19T20:41:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de Audur Ava Olafsdöttir<br /></h3> <h4>Éditions Zulma 2007<br /></h4> <p>Audur Ava Olafsdöttir est née en 1958 à Reykjavik, en Islande.<br /> Alle a fait des études en histoire de l'art à la Sorbonne à Paris.<br /> Ce séjour dans un pays catholique l'amène à se convertir au catholicisme.<br /> Elle est professeur d'histoire de l'art à l'université d'Islande et directrice du Musée de l'Université d'Islande.<br /> A ce titre elle donne de nombreuses conférences et a organisé plusieurs expositions.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Olafsdottir_s.jpg" alt="Olafsdottir.jpeg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Olafsdottir.jpeg, mar. 2019" /> Elle a été lauréate du prix des libraires canadiens en 2011 pour Rosa Candida, paru en 2007, et qui ne sera traduit en français qu'en 2010 aux éditions Zulma, son troisième livre après « Le rouge vif de la rhubarbe » paru en 1998, et « L'embellie » paru en 2004, qui reçoit le prix de la littérature de la ville de Reykjavik.<br /> Le théâtre national islandais a produit sa première pièce de théâtre à l'automne 2011.<br /> Elle a reçu le prix littéraire des jeunes Européens pour son roman « L'exception » paru en 2012 dans son pays.<br /></p> <p>Arnljötur, jeune homme à peine sorti de l'adolescence, alors que sa mère vient de mourir accidentellement, décide d'exploiter l'héritage que celle-ci lui a laissé, son amour pour la culture des fleurs.<br /> En Islande, rien ne pousse spontanément. Les roches de lave sont un vrai frein à toute culture. Mais cette mère fantasque a réussi à cultiver sous serre des fleur et des fruits, ainsi qu'une rose exceptionnelle à huit pétales, la rosa candida.<br /> Il décide de quitter l'Islande, son père, septuagénaire, son frère jumeau autiste.<br /> Il part pour le continent européen. Après un incident de santé qui le bloque un peu lors de son arrivée, il démarre un vrai périple à travers campagnes, forêts, traverse plusieurs frontières, fait diverses rencontres, et finira par arriver au but de son voyage : dans un monastère situé en haut d'un pic, près d'un petit village perdu.<br /> Il ne connaît pas la langue des quelques rares habitants et moines.<br /> Son projet, accepté par les moines, est de recréer le jardin du monastère, selon des descriptions qu'il a trouvé dans des livres très anciens. Alors qu'il commence à prendre ses marques au monastère et dans le village, arrivent deux personnes qui le ramènent à son passé en Islande, qui troublent l'équilibre fragile qu'il s'était créé, et qui l'oblige à s'ouvrir, à s'humaniser.<br /> L'auteur décrit avec sensibilité et finesse les sentiments d'un homme qui arrive à l'âge adulte, qui se cherche, et qui recherche un sens à sa vie. La relation fusionnelle qu'il avait avec sa mère lui fait tout voir à travers le prisme de ce que cette mère aurait pensé, dit, fait, dans telle ou telle circonstance.<br /> Le vide laissé par le départ précipité et accidentel de sa mère, il pense le combler ou l'oublier en partant loin.<br /> L'auteur nous démontre que nous portons en nous nos forces et nos faiblesses, nos joies et nos peines, et le lieu où l'on vit n'y change rien. Ce qui change tout, ce sont les espoirs, les promesses, les surprises de la vie, l'avenir.<br /> C'est un beau roman, bien écrit, bien rythmé, qui suit le fil de la vie de Arnljötur, un moment de grâce, hors des sentiers battus.</p> http://www.lastulu.com/post/Rosa-Candida#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/229 Le fusil de chasse urn:md5:58919ec816c4bc31ee7ba9093db8a781 2019-05-10T14:43:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de Yasushi Inoué<br /></h3> <h4>Éditions Livre de Poche Juin 2014<br /></h4> <p>« Yasushi Inoue, écrivain japonais, est né en 1907 à Asahikawa, et est mort en 1991 à Tokyo. Fils d'un chirurgien militair souvent muté, il a été élevé un temps par la maîtresse de son arrière-grand-père, une ancienne geisha, qu'il appelle grand-mère, alors qu'elle est étrangère à sa famille.<br /> Dès 1929, il écrit des poèmes. Après des études en philosophie à Kyoto, et une thèse sur Paul Valéry, il se lance dans la littérature, en publiant des poèmes et nouvelles dans des magazines, puis dans le journaliusme, carrière entrecoupée par le service militaire, en 1937-1938. Il se fait connaître grâce à une nouvelle récompensée par le prestigieux Prix Akutagawa en 1949. « Combats de taureaux ». Il se met à publier ensuite un grand nombre de romans et nouvelles dont les thèmes sont historiques et minutieusement documentés, comme « La tuile de Tenpyo » en 1957, ou « Le Maître de thé » en 1981. Il a été élu en 1964 à l'Académie des Arts.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Inoue_1_s.jpg" alt="Inoué 1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Inoué 1.jpg, mar. 2019" /></p> <pre></pre> <p>J'aime beaucoup « Le fusil de chasse », petit par la taille (88 pages)mais grand sur le fond.<br /> Il a suffi d'un homme croisé lors d'une promenade en montagne pour que le narrateur en fasse un poème, car cet homme croisé avec son fusil de chasse n'avait pas l'allure d'un chasseur.<br /> Et notre poète a laissé parler son imaginaire, sans penser une seconde que son imagination débordante allait rejoindre la réalité.<br /> La parution du poème dans un journal consacré à la chasse, déclenchera la réaction d'un lecteur qui s'est reconnu dans le poème.<br /> Ce lecteur a saisi la chance qui lui était donnée de faire partager son histoire d'amour malheureuse avec une personne qui semblait avoir si bien saisi ce qu'il avait vécu, en simplement le croisant.<br /> Il lui envoie trois lettres, qui viennent apporter les éclaircissements à la situation qu'il a vécu.<br /> lettre de Shoko à Josuke<br /> lettre de Midori à Josuke<br /> lettre de Saïko à Josuke<br /> l'auteur s'étant contenter de changer les noms.<br /> Au travers du contenu de ces trois lettres, l’auteur nous montre à quel point l'âme humaine peut être complexe, que les amours humaines ne sont pas simples, linéaires, qu'une histoire peut être à plusieurs niveaux, à la façon des poupées russes.<br /> Shoko, la fille de Saïko, en lisant le journal intime de sa mère que cette dernière l'avait chargé de brûler, découvre des événements qu'elle ne soupçonnait pas, voyant les trois adultes qui l'ont le plus entourée avoir entre eux des relations autres que ce qu'elle percevait enfant puis jeune adulte.<br /> Midori, malgré les infidélités de son mari, a toujours aimé celui-ci. Mais à la mort de Saïko, sa rivale, alors qu'elle aurait pu essayer de reconquérir son mari, elle décide de le quitter, de divorcer.<br /> Saïko a aimé son mari, sa fille, son amant. L'annonce par un oncle de passage que son ex mari s'était remarié lui fait réaliser qu'elle avait toujours aimé son mari, d'un autre amour que celui plus ténu en fin de compte, qu'elle avait pour son amant, et la perte définitive de cet ex mari l'a fait opter pour un choix définitif, malgré la présence de sa fille, de son amant.<br /></p> <p>C'est un très beau livre, une belle histoire triste.<br /> Un vrai bijou tout en finesse et en poésie !</p> http://www.lastulu.com/post/Le-fusil-de-chasse#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/236 La lettre à Helga urn:md5:eabac2e2e04f280742f6a052ea96a94e 2019-03-14T14:24:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de Bergsveinn Birgisson<br /></h3> <h4>Éditions Zulma<br /></h4> <p>Bergsveinn Birgisson est né en 1971 en Islande. Il a étudié les littératures islandaises et comparée à l'université d'Islande puis à celle d'Oslo et de Bergen, où il obtient un doctorat en littérature médiévale scandinave en 2008. Il vit en Norvège depuis plusieurs années.<br /> Il porte la mémoire des histoires que lui racontait son grand-père, lui-même fermier et pêcheur, dans le nord-ouest de l'Islande.<br /> Il a publié son premier livre en 1992, un recueil de poésies.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Birgisson_1_s.jpg" alt="Birgisson 1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Birgisson 1.jpg, mar. 2019" /> Le roman « La lettre à Helga » est paru en 2010. Il a été traduit en plusieurs langues, notamment en français en 2013, et paru dans les éditions Zulma dont la dernière réédition date de 2018.<br /></p> <p>Bjarni Gislason est un paysan marié à Unnur. Il aime sa femme. Il est passionné par son travail multiple et varié. Il se passionne pour ses moutons, il est doué pour réparer les machines, inventer des objets, en créer, il est chargé du choix des livres pour la bibliothèque du coin, il a une charge de contrôleur du fourrage pour son secteur....<br /> Suite à des ennuis de santé, sa femme ne peut pas avoir d'enfant, traumatisme qui fait qu'elle ne veut plus avoir de relations charnelles avec lui. Il côtoie régulièrement une jeune femme de la ferme voisine, Helga, pour lui donner des coups de main, car le mari est rarement présent. Le comportement de sa femme et des rumeurs avoisinantes finit par l'amener à fantasmer sur sa voisine Helga.<br /> Au fil du temps, lors de rencontres, une réciprocité s'installe.<br /> Bjarni lutte. Jusqu'au jour où ….<br /> Helga finira par attendre un enfant de lui.<br /> C'est là que tout basculera.<br /> Helga lui demande de tout quitter et de partir à la ville avec elle. Mais il ne peut pas.<br /> Partir, ce serait se renier lui-même, renier sa terre, renier les huit générations qui l'ont précédé.<br /> Ce qui fera le malheur de Bjarni....<br /></p> <p>Bjarni écrit à celle qu'il a toujours aimé une lettre, alors qu'il est très âgé et près de mourir, pour lui expliquer son point de vue, pour se justifier, lui crier sa bonne foi, lui faire comprendre pourquoi il a agi ainsi, pourquoi il ne pouvait pas en être autrement.<br /> L'auteur au cours de sa narration nous parle de la vie paysanne traditionnelle islandaise « pétrie de lectures bibliques, de légendes, entre mer et glace » qu'on imagine transmises en partie par ce grand-père qui lui a été si proche enfant (poésies, contes, traditions....).<br /> C'est une belle et triste histoire d'amour, qui rejoint les universelles, belles, grandes et tristes histoires d'amour qui finissent mal et que nous offrent les littératures du monde entier.<br /></p> <p>« La lettre à Helga » est un livre assez bref dans sa longueur (131 pages ) mais grand et émouvant sur le fond.</p> http://www.lastulu.com/post/La-lettre-%C3%A0-Helga#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/227 La seule histoire urn:md5:2a427148d1c540469d2b4ae489530559 2019-01-26T16:02:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de Julian Barnes<br /></h3> <h4>Éditions Bibliothèque Étrangère Mercure de France 2013<br /></h4> <p>Julian Barnes, né en Janvier 1946 à Leicester, en Angleterre, est un romancier, nouvelliste, essayiste, et journaliste britannique.<br /> Il publie un premier roman, Metroland (Prix Somerset-Maugham 1980), et un premier roman policier, Duffy, sous le pseudonyme de Dan Kavanagh. Il en publiera six au total.<br /> Il se consacre ensuite entièrement à la création littéraire et publie des romans qui seront traduits en plus de vingt langues.<br /></p> <p>Dans « La seule histoire », paru en France en 2013, Paul, au début du roman a dix-neuf ans. Il vient de terminer ses études secondaires. En attendant la rentrée universitaire, il doit passer l'été chez lui. Ses parents habitent un quartier surnommé « Le village », quartier composé de maisons individuelles et habité par des « gens biens »<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Barnes_2_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /> Paul décide de se distraire en s'inscrivant au club de tennis local, même si il n'est pas très doué en tennis. Il n'y connaît personne. Lors d'un match en double mixte, il se retrouve par tirage au sort, en compagnie de Susan, 48 ans, mariée, mère de deux grandes filles.<br /> Susan, contrairement aux autres membres du club, est belle, chaleureuse, pleine d'humour et de réparties, et joue un bon tennis, alors que lui a un jeu médiocre.<br /> Tout de suite, une complicité s'installe entre eux, qui se transformera très vite en amour absolu.<br /> Faisant fi du « quand dira t on », ils multiplient les occasions de se voir, surtout chez elle, malgré la présence d'un mari bougon, sans charme, antipathique, et malgré ses propres parents qui ne voient pas d'un bon œil la nouvelle fréquentation de leur fils unique.<br /> Julian Barnes raconte avec finesse et psychologie cette relation sulfureuse aux yeux de la société, des gens bien pensants, et des familles de Suzan et Paul.<br /> Cet amour hors norme amènera nos deux personnages loin. Suzan, qui redoute tant le vieillissement et l'éloignement de Paul , se tournera vers une certaine folie autodestructrice. Paul, quant à lui, vivra un amour inconsolable et qu'il veut immortel, le marquant à jamais tout le long de sa vie d'adulte, notamment dans ses relations avec les femmes. Tous deux si égoïstes et entiers qu'ils n'éprouvent aucune compassion ou gène vis à vis de leur famille respective.<br /> Julian Barnes ne juge pas. Il nous fait part des nombreuses réflexions, des sentiments profonds, des états d'âme de Paul, avec délicatesse et empathie. C'est un très beau roman écrit avec style, une belle langue propre à cet auteur, et qu'une fois de plus, le traducteur a su si bien rendre.<br /></p> <pre></pre> <p>Mais, laissons à Julian Barnes le dernier mot :<br /> « Un premier amour détermine une vie pour toujours : c’est ce que j’ai découvert au fil des ans. Il n’occupe pas forcément un rang supérieur à celui des amours ultérieures, mais elles seront toujours affectées par son existence (…) parfois aussi, un premier amour cautérise le cœur, et tout ce qu’on pourra trouver ensuite, c’est une large cicatrice. »</p> <p>A découvrir !</p> http://www.lastulu.com/post/La-seule-histoire#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/226 Le Fils urn:md5:5df2a13821b3a9a7f474cf21e8381a07 2018-11-26T16:59:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers philipp Meyer <p>de Philipp Meyer<br /></p> <h4>Éditions Le Livre de Poche Mai 2016<br /></h4> <p>Philipp Meyer est né le 1er Mai 1974 à New York.<br /> C'est un écrivain américain qui a grandi à Baltimore, dans l'état de Maryland.<br /> Il déserte l'école à 15 ans et devient réparateur de bicyclettes. Il décroche son diplôme d'enseignement général et décide de devenir écrivain et à l'âge de 22 ans il est admis à l'Université Cornell. Il en sort diplômé en langue anglaise.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Philipp_Meyer_Le_fils_s.jpg" alt="Philipp_Meyer_Le_fils.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Philipp_Meyer_Le_fils.jpg, août 2018" /> Après un passage à Wall Street, il obtient en 2004 une bourse d'écriture du Michener Center for Writers, de l'Université du Texas à Austin.<br /> C'est durant ces trois années, de 2005 à 2008, qu'il écrit son premier roman, « Un arrière goût de rouille », sorti en France en 2010 et lauréat du Los Angeles Book Prize.<br /></p> <p>« Le fils » est sorti en 2013. C'est une grande saga familiale. Elle met en avant trois personnages, au travers de plusieurs décennies : Eli (né en 1836), Peter (né en 1900) et Jeanne-Anne née en 1926. Elle nous plonge à travers pratiquement deux siècles, 19ème et 20ème, dans l'Histoire du Texas.<br /> Eli Mc Cullough, très jeune, a été enlevé par des indiens Comanches, lors d'une attaque perpétrée contre sa famille, alors que le père était absent.<br /> Seul survivant, il apprendra très durement comment vivre et survivre chez les indiens. Il finira par s'en échapper, prendra part à la conquête de l'Ouest, s'engagera dans la guerre de Sécession, et finira par bâtir un empire dans le pétrole.<br /> Peter, un de ses enfants, révolté par les comportements de son père, tyran autoritaire et cynique, partira.<br /> Jeanne-Anne, petite-fille de Peter, ayant la trempe d'un homme, ambitieuse et sans scrupules, se retrouvera à la tête de cet empire déserté par tous, prête à parachever l’œuvre de son arrière-grand-père, malgré sa solitude.<br /></p> <p>C'est une fresque grandiose que nous présente Philipp Meyer.<br /> Il nous décrit sans complaisance les us et coutumes de gens d'une autre époque.<br /> Les indiens sont chassés de leurs territoires par les blancs venus de l'Est, c'est sûr, en ce sens ils sont victimes, mais ils savent se battre, se défendre, malmener, torturer, tuer, lorsqu'ils font des prisonniers.<br /> Et les blancs ne font pas non plus de cadeaux.<br /> C'est un Far West des plus sauvages dont il nous dresse le tableau, en rentrant dans les détails, nous faisant comprendre le fonctionnement de sociétés d'un autre âge, dont les règles n'ont rien à voir avec celles qui existent de nos jours.<br /> Pour moi qui ai lu pour la première fois ce genre de livre, où tout est dit, au scalpel, si je puis l'écrire, cela m'a fait voir sous un jour nouveau l'Amérique telle qu'elle a existé et telle qu'elle a été conquise par des blancs venus d'ailleurs.<br /> Par moment la lecture n'est pas facile, des scènes insupportables sont décrites, réalistes, et qui bousculent. Mais on ressent tellement le souffle épique de l'Histoire racontée, que vaillamment, la lecture se poursuit, et une fois le livre terminé,<br /> l'impression finale est que c'est un grand livre,et on le laisse à regret, la dernière page achevée.</p> http://www.lastulu.com/post/Le-Fils#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/216 La Trilogie écossaise urn:md5:3035747b519ed717c6c61f59aa183f0b 2018-10-05T17:26:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers Peter May <p>1- L'île des chasseurs d'oiseaux<br /> Éditions Babel Noir Novembre 2011<br /></p> <p>2- L'homme de Lewis<br /> Éditions Babel Noir Janvier 2013<br /></p> <p>3- Le braconnier du lac perdu<br /> Éditions Babel Noir Janvier 2014<br /></p> <p><a href="http://www.lastulu.com/post/La-Trilogie-%C3%A9cossaise">Lire la suite</a></p> Les années douces urn:md5:97564b11191d1363c2b95f48bfdcde0a 2018-01-30T16:16:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de Kawakami Hiromi<br /></h3> <h4>Éditions Picquier Poche février 2005<br /></h4> <p>Hiromi Kawakami est née à Tokyo en 1958. Elle est diplômée en biologie.<br /> Son premier recueil de nouvelles, Kamisama, parait en 1994.<br /><br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Kawakami_s.jpg" alt="Kawakami.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Kawakami.jpg, mar. 2017" /> C'est en 2001 qu'elle reçoit pour "Les années douces" le prix Tanisaki.<br /> Depuis ses débuts d'écriture, c'est un écrivain populaire au Japon, et qui a pu trouver facilement à se faire publier en France.<br /></p> <p>Dans "Les années douces", Hiromi Kawakami nous raconte l'histoire étonnante d'une relation qui s'est créé au fil du temps entre Tsukiko, la trentaine, et un septuagénaire veuf depuis des années, et qui a été son professeur de japonais du temps où elle était au lycée.<br /> Tsukiko, après son travail, aime bien prendre un pot dans des bars. Elle est célibataire, n'est jamais restée très longtemps en couple.<br /> Elle aime cette liberté de pouvoir décider de faire ce qu'elle veut, quand elle veut.<br /> Un jour où elle est dans un bar, elle rencontre le professeur qui lui propose de venir à sa table pour discuter un moment. Elle y prend plaisir.<br /> Peu à peu, au fil du temps, les deux personnages vont chercher à se voir, sans se le dire, sans se l'avouer, et insensiblement, des liens vont se nouer.<br /> Au fil des chapitres, nous assistons à certaines de leurs rencontres, d'abord uniquement dans des bars, puis à l'extérieur, pour admirer des étoiles, acheter des poussins sur un marché, cueillir des champignons en montagne, participer à une fête des cerisiers en fleurs, ....<br /> Au début, les liens sont ténus, chacun reste sur sa réserve. Leur relation est si peu dite, qu'un ennui peut s'installer. Mais il faut persister.<br /> Entre "le Maître" et son ancien élève, s'établit un jeu inconscient de séduction, qui peu à peu prend forme, et les entraîne plus loin que ce à quoi ils auraient pu penser.<br /> C'est tout en délicatesse, et l'impression finale, lorsque l'on quitte le livre, c'est une impression de bonheur, de joie de vivre, de douceur et de plénitude.<br /> Ce livre intemporel écrit avec une plume légère nous laisse le cœur léger, un verre de saké à la main.</p> Shibumi urn:md5:e34a1b9eef34e2f60ef2f247780c2151 2017-12-21T17:15:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de Trevanian<br /></h3> <h4>Éditions Gallmeister Juin 2016<br /></h4> <p>Trevanian, de son vrai nom Rodney William Whitaker, est né en 1931 dans l'état de New-York, dans une famille pauvre<br /> Après avoir servi dans la Marine Américaine de 1949 à 1953 lors de la guerre de Corée, il entreprend des études supérieures et obtient une maîtrise de théâtre à l'université de Washington et un doctorat en communications et cinéma à l'université Northwestern en banlieue de Chicago.<br /> Il deviendra enseignant.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Travanian.png" alt="Travanian.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Travanian.png, déc. 2017" /> A quarante ans, en 1972, il publiera son premier livre « La sanction », un roman d'espionnage, en choisissant le pseudonyme de Trevanian en l'honneur de l'historien britannique George Macaulay Trevelyan.<br /> Puis il y aura « L'expert », « Le flic de Montréal » …<br /> Professeur d'université, il passe une grande partie de sa vie reclus avec sa famille dans les Pyrénées basques de France, refusant tout entretien et toute photographie.<br /> En 1979, lors de la sortie du livre « Shibumi », il accorde toutefois une première interview par téléphone sans livrer son identité. Celle-ci sera dévoilée en 1983 mais seulement confirmée en 1998.<br /></p> <p>« Shibumi » raconte la véritable épopée qu'est la vie de Nicholaï Hel.<br /> Né de la rencontre improbable d'une comtesse russe réfugiée à Shangaï, et d'un amant d'origine Prusse allemande, il vivra toute sa jeunesse en Chine et au Japon. Il héritera des étranges yeux verts de sa mère, d'un grand corps élancé, et de cheveux blonds, qui le feront repérés parmi les populations chinoises et japonaises.<br /> Marqué par sa rencontre avec deux personnages importants, un militaire japonais, le général Kishikawa-san, et le maître de Go, Otake-san, il sera profondément marqué par la culture et la mentalité japonaises, et ne se sentira jamais occidental. Une autre de ses particularités est qu'il a plusieurs langues maternelles à son actif, le russe par sa mère, le japonais par son père de cœur, le général, le chinois en traînant dans les rues de Shangaï, l'allemand pour ne pas oublier ses racines prussiennes, le basque appris lors d'une captivité où l'isolement le plus complet lui fut imposé et où le hasard lui mit dans les mains des livres basques …. et bien sûr l'anglais, langue la plus internationale … et qu'il n'a pas de nationalité propre, devant se contenter de fausses nationalités fournies à l'occasion de ses contrats.<br /></p> <p>Nicholaï Hel, par le hasard des guerres d' Asie, et des répercussions qu'il en a eu, sera amené à devenir un tueur international d'une redoutable efficacité, un mercenaire très recherché.<br /></p> <p>Le livre est bâti sur une succession de chapitres évoquant tour à tour le présent, une attaque à l'aéroport de Rome qui entraînera toute une suite d’événements, et l'histoire de sa vie, d'abord à Shangaï puis au Japon.<br /> L’histoire est haletante, aucun répit n'est accordé au lecteur, impossible de lâcher le livre, du continent asiatique aux États-Unis, en passant par l'Europe et tout particulièrement le Pays Basque, Trevanian cisèle au scalpel son histoire, campe des personnages hors du commun, comme le Gnome, le Cagot ….<br /> Il décrit sans aucune complaisance la mentalité américaine, (CIA, NSA, la Mother Company …), son côté raciste, son sentiment de supériorité, d'impunité, …<br /></p> <p>Mais ce n'est pas tout.<br /> Travanian nous fait pénétrer dans l'univers raffinée de la culture japonaise, que Nicholaï acquière peu à peu, d'abord avec le général japonais, puis avec le maître de Go. Il s'y sent bien, il ne peut pas y avoir pour lui d'autre possible.<br /> Le rêve de son héros, peut-être était ce aussi le sien ?, c'est d'atteindre le Shibumi, état parfait de sérénité difficile à décrire, mais combien espéré.<br /> Ce livre n'appartient pas à la littérature japonaise, mais il contient de si nombreuses clés pour approcher cette culture, qu'il pourrait bien être considéré comme en faisant partie.<br /></p> <p>A lire toute affaire cessante !<br /> Personnellement, j'ai lu les 514 pages en deux jours ! Une belle évasion !</p> Kafka sur le rivage urn:md5:b18718d474d645fdd908a6368403abe8 2017-11-13T16:10:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de Haruki Murakami<br /></h3> <h4>Éditions 10/18 Juin 2016<br /></h4> <p>Haruki Murakami est né à Kyoto en 1949. Il a été élevé à Kobe, a étudié le théâtre et le cinéma à l'université de Waseda, avant d'ouvrir un club de jazz à Tokyo en 1974.<br /> Son premier roman "Écoute le chant du vent" paru en 1979, lui a valu le prix Gunzo et un succès immédiat. Exilé en Grèce e 1988, puis aux États-Unis, il reviendra au Japon en 1995.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Kafka_sur_le_rivage_s.jpg" alt="Kafka_sur_le_rivage.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Kafka_sur_le_rivage.jpg, mar. 2017" /> "Kafak sur le rivage" : Nous sommes à Tokyo. Kafka Tamura vit depuis l'âge de 4 ans seul avec son père. Sa mère et sa sœur ont disparu du jour au lendemain.<br /> Kafka se retrouve si seul qu'il s'est inventé un alter ego 'le corbeau" avec qui il dialogue et qui parfois lui donne des conseils. Il a du mal à vivre, se forge un corps à coups d'exercices de musculation, comme moyen d'auto défense, et a très peu de contact avec son père, sculpteur célèbre.<br /> A 15 ans, il décide qu'il est temps pour lui de partir, en accord avec le corbeau, et de couper définitivement les ponts avec son père, cet inconnu, et avec sa ville natale, et son école dans laquelle il se sent si mal.<br /> Nakata, alors qu'il est enfant, lors d'une sortie scolaire, a subi un choc tel que lorsqu'il émergera d'un coma de plusieurs semaines, il aura tout oublier, sa famille son école, son savoir. Il est devenu amnésique. Son seul don qu'il cache aux autres humains, est de parler avec les chats un langage chat.<br /> Un jour, après avoir été poussé à faire quelque chose qu'il ne peut accepter, Nakata décide de quitter Tokyo pour une destination inconnue. A l'occasion de diverses rencontres, son cheminement inconnu de lui au départ, peu à peu se précise, pour aboutir à l'endroit où il sait d'instinct qu'il doit aller.<br /> Takamatsu Oshima San travaille dans une bibliothèque privée située dans une île, au sud du Japon. Il est à l'accueil de cette bibliothèque. A la fois femme et homme, il surmonte sa situation en étant étant ouvert aux autres.<br /> Mademoiselle Saeki , la cinquantaine, est la directrice de cette bibliothèque. Femme belle et mystérieuse, vivant en retrait, c'est elle qui assure tous les mardis matins une visite guidée de la bibliothèque.<br /></p> <p>Haruki Murakami élabore une histoire complexe, un vrai puzzle dont les pièces peu à peu, au fil du récit, vont se rassembler, pour ne former en définitive qu'une seule et même histoire.<br /> C'est une histoire épique et poétique, qui imprègne.<br /> L'auteur passe de l'un à l'autre de ses personnages au fil des chapitres bâtis avec maîtrise.<br /> On peut se sentir au début un peu perdu par le mélange de situations qui peuvent sembler disparates, mais instinctivement, on ne peut qu'avoir confiance en l'auteur et se laisser guider par lui.<br /> Tout prend sens peu à peu.<br /> L'histoire recèle une partie de faits réels, rationnels, et une partie typiquement japonaise, où entrent des histoires d'au-delà, de pouvoirs mystérieux, de légendes, qui planent au dessus des humains, de forces incontrôlables et plus fortes que tout, certaines bénéfiques, d'autres maléfiques.<br /> Laissez vous emporter par ce récit-conte de 638 pages, une belle évasion que je vous convie à rejoindre, vous ne le regretterez pas.</p> La chorale des maîtres bouchers urn:md5:2325d70d90fa3c8df6063f598a863959 2016-11-26T12:00:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de Louise Erdrich<br /></h3> <h4>Éditions Livre de Poche Mai 2007<br /></h4> <p>Karen Louise Erdrich est née le 7 juin 1954 à Little Falls, dans le Minnesota. C'est un écrivain femme américaine, auteur de romans, de poésies, et de littérature d'enfance et de jeunesse. Elle est l'une des figures les plus emblématiques de la jeune littérature indienne et appartient au mouvement de la renaissance amérindienne.<br /> « La chorale des maîtres bouchers » est paru en 2003, traduit en 2005.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Erdrich_3_s.jpg" alt="Erdrich_3.jpeg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Erdrich_3.jpeg, oct. 2016" /></p> <p>Nous sommes en 1918 en Allemagne. De retour du front, après avoir laissé son meilleur ami mort sur les champs de guerre, et épousé la fiancée enceinte de ce dernier, Éva, Fidélis Waldvogel décide de partir seul tenter sa chance en Amérique, avec pour seul bagage une valise pleine de couteaux de boucher et de saucisses du pays.<br /> Il débarque à New York et part sur les routes.<br /> Il s'arrêtera à Argus, dans le Dakota du Nord, où bientôt il sera rejoint par sa femme et son fils.<br /> Il décide, après avoir travaillé pour l'unique boucher d'Argus, d'ouvrir à son tour une boucherie et de fonder une chorale en souvenir de celle des maîtres bouchers où il chantait avec son père en Allemagne.<br /> Des années 20 aux années d'après la seconde guerre mondiale, on suit sa dure vie de labeur, la naissance d'un deuxième garçon, puis de jumeaux, l'amitié entre Éva sa femme et Delphine revenue à Argus pour s'occuper de son père ivrogne , alors qu'elle se produisait auparavant sur scène avec un ami équilibriste, Cyprien.<br /> L'auteur nous décrit une vie de pionniers rude, mais où les sentiments même peu exprimés sont bien présents, et aident à surmonter les difficultés de la vie.<br /> C'est un très beau livre, âpre et émouvant.</p> La famille Karnovski urn:md5:8b52585e74e0dddd2c8ffa15cd17e62a 2016-11-15T21:56:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers <h3>de Israël Joshua Singer<br /></h3> <h4>Éditions Folio, septembre 2015<br /></h4> <p>Israël Joshua Singer est né en novembre 1893 en Pologne. Il est mort à New York en 1944. C'est un écrivain yiddish, frère aîné et mentor de Isaac Bashevi Singer.<br /> Né d'un père rabbin et d'une mère fille de rabbin, il a grandi à Varsovie où son père était un leader spirituel. Il s'émancipera de la tradition familiale et s'intéressera à la vie artistique prolifique en Pologne à cette époque. Il deviendra journaliste dans la presse polonaise. En 1921, il devient correspondant pour un journal américain, et en 1934, il quittera la Pologne pour New York.<br /></p> <p>« La famille Karnovski » est son sixième livre.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Singer_Joshua_3_s.jpg" alt="Singer_Joshua_3.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Singer_Joshua_3.jpg, oct. 2016" /> Le roman retrace le destin de trois générations d'une famille juive qui décide de quitter la Pologne pour s'installer en Allemagne à l'aube de la seconde guerre mondiale, afin d'améliorer leur façon de vivre. Cette famille souhaite l'intégration et fait tout pour y arriver. Le fils épousera une allemande.<br /> Georg, le petit-fils, fils d'un père juif et d'une mère aryenne, aura du mal à trouver sa place dans un pays où la montée du nazisme se fait cruellement sentir.<br /> Publié en 1943 alors que les nazis massacrent les communautés juives en Europe, le roman de Singer est hanté par ces tragiques circonstances, et par la volonté de démêler le destin complexe de son peuple.<br /> Israël Joshua Singer est un bon conteur. Il nous entraîne auprès de cette famille que l'on suit avec plaisir, sympathie, mais aussi inquiétude. La famille a voulu fuir la misère polonaise, puis l'antisémitisme allemand, et sera obligée de continuer à fuir pour survivre sur le continent américain. Cette fuite sans fin vers une vie meilleure a été le sort de beaucoup de familles juives européennes, et au travers du destin des Karnovski, Singer nous fait vivre et partager le sort de ces familles juives qui ont dû fuir et encore fuir pour se donner une chance de vie et de survie.<br /> C'est un très beau livre que je vous recommande.</p> Le chagrin des vivants urn:md5:fb250f7eb98183bd9a63004ebe41c013 2016-10-17T22:00:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers Hope <h3>de Anna Hope<br /></h3> <h4>Éditions Gallimard Roman, décembre 2015<br /></h4> <p>Anna Hope est née en 1974 à Manchester. Elle est actrice (notamment dans Doctor Who) et écrivain.<br /> Je vous présente son premier roman « Le chagrin des vivants ».<br /></p> <p>Nous sommes en 1920, juste après la fin de la première guerre mondiale.<br /> Il est décidé par les autorités britanniques d'honorer les hommes qui sont morts à la guerre.<br /> Un corps de soldat inconnu anglais doit être ramené de France et doit être enterré à Londres avec tous les honneurs, symbolisant tous ceux qui ont donné leur vie et qui pour certains sont morts et enterrés en France, et pour d'autres, n'ont même pas pu être identifiés et enterrés, et sont restés sans tombe, parce que désintégrés.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Hope_3_s.jpg" alt="Hope_3.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Hope_3.jpg, oct. 2016" /> Anna Hope nous décrit les cinq jours qui précèdent l'hommage rendu par la Nation britannique, au travers essentiellement de la vie de trois femmes, Ada, Evelyn, Hettie.<br /> Cinq jours durant, on les suit, face à leurs souvenirs, leur chagrin, leurs espoirs et désespoirs.<br /> Ada, la cinquantaine, n'est plus que l'ombre d'elle-même, elle ne se résout pas à l'idée de ne plus revoir son fils unique, elle ne voit même plus son mari.<br /> Evelyn, bientôt trente ans, issue de la grande bourgeoisie, tente de faire le deuil de son fiancé, et travaille sans relâche au bureau des pensions pour porter secours aux éclopés de la guerre, après avoir travaillé dans une usine d'armement pendant la guerre.<br /> Quant à Hettie, dix-neuf ans, elle subvient aux besoins d'une mère brisée par la solitude et d'un frère devenu apathique depuis qu'il est revenu des combats, en dansant au Hammessmith Palais, salle de bal où le jazz règne.<br /> Hettie rêve au prince charmant, mais les princes charmants qu'elle croise sont cabossés par la guerre, semblent éloignés de ce qui fait la vie.<br /> Au travers de ces trois destins, Anna Hope nous raconte avec finesse et sensibilité le vécu des femmes restées « à l'arrière », femmes qui d'abord espèrent un retour à la normale assez rapide, puis qui réalisent que le temps de l'attente s'allonge, pour finir pas ne plus avoir à attendre devant l'irréparable, la disparition annoncée et tant redoutée d'êtres chers ou revenus transformés.<br /> Ces femmes tentent d'abord de survivre, puis avec le temps qui passe, d'émerger, de se reconstruire.<br /> Anna Hope va de l'une à l'autre dans un très beau chant choral, en intercalant des scènes de guerre vécues par ceux qui ne sont plus là, les démarches faites par les officiels anglais pour ramener un corps, un seul, sur l'île, et la cérémonie prévue et élaborée afin que la Nation entière puisse faire son deuil.<br /> Anna Hope nous sensibilise et nous émeut. C'est un très beau roman, servi par une traduction à la hauteur.</p> La culasse de l'enfer urn:md5:fc96c7684eea8e800c15f463397a6e9d 2016-10-12T19:20:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers Franklin <h3>de Tom Franklin<br /></h3> <h4>Éditions Livre de Poche Juin 2007<br /></h4> <p>Ton Franklin est un auteur américain qui est né en 1963 à Dickinson dans l'Alabama.<br /> Il est l'auteur de romans policiers et de romans historique.<br /> « La culasse de l'enfer » est son premier roman.<br /> Cette œuvre est fondée sur des faits historiques qui se déroulent à la fin du 19ème siècle.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.franklin_s.jpg" alt="franklin.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="franklin.jpg, janv. 2016" /> Dans un coin reculé de l'Alabama, un homme est assassiné dans d'étranges circonstances.<br /> Pour le venger, ses proches vont former une société secrète appelée « La culasse de l'enfer ».<br /> Ils sont fermement décidés à imposer leur propre justice, n'ayant pas confiance dans les pouvoirs publics.<br /> Persuadés que le coup vient des propriétaires fonciers des villes voisines, ils vont livrer une guerre sans merci contre ces derniers. Un shérif sur le retour et alcoolique partira à la recherche des vrais coupables ….<br /> Tom Franklin déploie tout son talent de conteur au service d'une grande fresque romanesque où se chevauchent les dimensions sociale, policière, humaine.<br /> Comme le dit si bien la quatrième de couverture, « il n'y a ni innocents, ni coupables …. un récit âpre qui explore les replis obscurs de l'âme. »<br /> Un livre qui rejoint le Panthéon des Grands Livresde la Littérature Américaine, à l'image de ceux d'Hawthorne, Faulkner, Hemingway, Steinbeck ….. un livre qui ne s'oublie pas.</p> Discordance urn:md5:1376823d55485f3987eddd59eca5c07a 2016-09-27T14:33:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans étrangers Jörgensdotter <h3>de Anna Jörgensdotter<br /></h3> <h4>Éditions poche 10/18 Décembre 2014<br /></h4> <pre></pre> <p>Anna Jörgensdotter est née en 1973 en Suède. Elle vit dans la région de Sandviken, endroit même où se déroule l'histoire de ce livre. Elle a eu le prix Ivar-Lo 2010 pour ce roman.<br /> Elle est romancière et auteur de poésies, compositrice et écrit pour plusieurs journaux.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Jorgensdotter_s.jpg" alt="Jorgensdotter.JPG" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Jorgensdotter.JPG, fév. 2016" /></p> <p>Deux frères et trois sœurs grandissent dans un petit coin de Suède, aux pieds du Mont Kungberg : Edwin, l'aîné, le raisonnable, Otto, le fonceur, fou de ski, Karin et Sofia, inséparables dans leur jeunesse, et Emilia, toujours sur son vélo.<br /> Nous sommes en 1938, à la veille d'une déflagration terrible qui laissera l'Europe exsangue.<br /> Une maison prend feu dans le village, celle d'une personne controversée, qui y laissera sa vie. Seul Edwin la pleurera ,se réfugiera dans le silence et se tournera vers la nature consolatrice.<br /> Otto et Karin se lanceront dans des descentes à skis effrénées, Sofia idéalisera et vivra un amour fou, ….. tandis qu'Emilia, à peine visible pour la fratrie, sillonnera le village et ses alentours à vélo, épiant, analysant pour son seul compte, spectatrice d'un monde en mutation.<br /> « Discordance » est un roman choral qui se déroule sur deux décennies, semé d'amour et de drames, où « chacun fera l'apprentissage de la vie, de la désillusion, entre fêlures intimes et échecs collectifs ».<br /> J'ai aimé me laisser happer par ce livre, vivre dans un lieu, un pays, une époque qui m'ont totalement dépaysés, envoûtés, tout en retrouvant cette humaine condition qui est partout la même, et qui m'a fait me sentir si proche des personnages, me les rendant si familiers, que je n'avais aucune envie de les quitter.</p>