L'as-tu lu ? - Romans français "Que ce partage littéraire vous entraîne à ma suite et vous fasse apprécier ou découvrir de nouveaux livres, ceux que j'ai aimé!" Andrée Laporte-Daube 2023-06-28T12:35:35+02:00 Andrée Laporte-Daube urn:md5:99f739630097cd9959297a3ff06d8794 Dotclear La légende de nos pères urn:md5:2ee866bbe94703acd6ac75087bd44ee2 2020-04-03T06:30:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français <h3>de Sorj Chalandon<br /></h3> <h4>Éditions Le Livre de Poche<br /></h4> <h5>Août 2011<br /></h5> <p>Sorj Chalandon est un journaliste et écrivain français.<br /> Il a été journaliste au quotidien "Libération" de 1974 à février 2007. Membre de la presse judiciaire, grand reporter, puis rédacteur en chef adjoint de ce quotidien, il est l'auteur de reportages sur l'Irlande du Nord et le procès de Klaus Barbie qui lui ont valu le prix Albert-Londres en 1988.<br /> Depuis 2009, Sorj Chalandon est journaliste au "Canard enchaîné", ainsi que critique cinéma.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Chalandon_La_legende_s.jpg" alt="Chalandon La légende.jpeg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Chalandon La légende.jpeg, mar. 2020" /> Il est l'auteur notamment de « Mon traitre », «d'Une promesse » couronné par le prix Médicis.<br /></p> <p>Le livre commence par l'enterrement du père du narrateur. Ce père, Pierre à l'état civil, avait pour deuxième nom « Brumaire », nom hérité de la Résistance.<br /> Le père enterré, neuf personnes présentes, le temps qui passe clairsème les rangs, le narrateur, fils du Héros si discret sur ses faits d'armes, se met en recherche de ce père qu'il a si peu connu, et qu'il a si peu interrogé.<br /> Comme pour beaucoup d'entre nous, les parents partis, les vivants réalisent qu'ils n'ont pas assez pris le temps de les questionner sur leur passé.<br /> On pense qu'on a toujours l'avenir devant nous pour cela, on fait tout dans l'urgence sans jamais faire les pauses nécessaires. Une fois seul, les questions se font jour, l'envie d'en savoir plus taraude, et comme notre narrateur, le moindre indice peut peut-être aider à combler quelques lacunes.<br /> Le jour de l'enterrement, il a repéré un homme qui est toujours en retrait lors des enterrements des anciens résistants.<br /> Il le piste, finit par le retrouver, et par le biais de la petite-fille de l'inconnu, il finit par entrer en contact, plein d'espoir.<br /> Ses recherches ne l'amèneront pas forcément là où il pensait aller ….<br /> Sorj Chalandon, d'une écriture belle et chaleureuse, nous construit une histoire si humaine et triste et vraie, qu'elle semblerait sortir d'un passé que tout un chacun pourrait retrouver autour de soi.<br /> Ce livre si émouvant, « La légende de nos pères », restera dans ma mémoire, comme si je venais de le lire, tout comme deux autres de ses livres, « Mon traitre » et « Retour à Killybegs ».</p> http://www.lastulu.com/post/La-l%C3%A9gende-de-nos-p%C3%A8res#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/245 Trilogie noire urn:md5:5e7217be945dd6a07b206f38d25a3763 2019-08-01T09:39:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français <h3>d'Emmanuel Bove<br /></h3> <h4>= Le meurtre de Susy Pommier<br /> = Un Raskolnikoff<br /> = La toque de Breitschwanz<br /></h4> <h5>Éditions EST - Samuel Tastet Éditeur 2018<br /></h5> <p>Emmanuel Bove, né Emmanuel Bobovnikoff le 20 avril 1898 à Paris d'un père juif russe et d'une mère luxembourgeoise, est un écrivain français. Il a vécu à Paris, en Suisse, en Angleterre, en Autriche, avant de se fixer à Paris.<br /> A l'âge de 14 ans, il décide de devenir écrivain.<br /><br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Bove_2.jpeg" alt="Bove 2.jpeg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Bove 2.jpeg, août 2019" /> En 1921, il part à Vienne avec sa femme, et commence à écrire ses premiers romans sous le nom de Jean Vallois. En 1922, il revient à Paris.<br /> En 1923, Colette remarque une de ses nouvelles et lui propose de le publier, il lui apporte alors Mes Amis dont la publication en 1924 sera un succès. Il publiera ensuite régulièrement des romans et nouvelles.<br /> A partir de 1940, dans la France occupée, il refusera toute publication.<br /> En 1942 il partira pour Alger. Il y écrira ses trois derniers romans.<br /> Il reviendra en France où il mourra en 1945 des suites d'une maladie infectieuse contractée à Alger.<br /></p> <p>1) Suzy Pommier est une jeune actrice qui commence à compter dans le milieu artistique. Elle est belle et est excellente comédienne. Elle vient de terminer le tournage d'un film dont elle est la principale interprète, et assiste, bien vivante, au début de l'histoire, à la Première du film. Le tout Paris est présent. Le film se termine part son assassinat dans une baignoire.<br /> L'assistance lui fait un triomphe.<br /> La nuit passe. Le lendemain matin, l'actrice est retrouvée morte dans sa baignoire, comme si l'assassin dans la vraie vie, avait voulu rejouer la scène du film. Plusieurs personnes seront suspectées. C'est le « Paris Spectacles ».<br /></p> <p>2) Changarnier, jeune homme mal dans sa peau, mal vêtu, mal dégrossi, erre dans les rues de Paris alors qu'il neige, en compagnie de sa petite amie Violette, qu'il rudoie à tout bout de champ.<br /> Dans la nuit, de troquets encore ouverts, en rues froides et désertes, il déraisonne, malmène sa compagne, se perd en lui-même, se fera arrêté puis relâché faute de preuve pour un larcin qu'il n'a pas commis, une errance vide de sens, et de chaleur, malgré Violette qui tient à lui, et malgré des rencontres qu'il rejette violemment … C'est le « Paris interlope  ».<br /></p> <pre></pre> <p>3) Une dame bien sous tous rapports, Ernestine Godel, arrive dans un commissariat de Marseille pour signaler la disparition de sa sœur Marie-Louise, dont elle n'a plus de nouvelles depuis plusieurs jours, ce qui est tout à fait inhabituel.<br /> Cette Marie-Louise vit à Paris avec un mauvais garçon, et a un enfant de quatre ans.<br /> Son compagnon a affirmé au téléphone à Mme Godel que Marie-Louise était partie avec leur fils malade pour une quinzaine de jours à Bandol, afin que l'enfant guérisse. C'est le « Paris du demi-monde  ».<br /></p> <p>Ces trois histoires sont réunies dans un seul volume. Elles nous font retrouver avec bonheur « l'atmosphère typiquement bovienne » de l'auteur.<br /> Emmanuel Bove a été journaliste, tenant la chronique des faits divers et meurtres. La fréquentation du 36 quai des Orfèvres lui a donné quelques grains à moudre pour écrire certains de ses livres, dont les trois présentés ici. On y retrouve un Paris sombre, sentant le « souffre ». Les gens qu'on y croise sont peu recommandables, prêts à tuer pour tirer le gros lot, sans foi ni loi. L'humanité montrée y est peu humaine. Et en même temps, il n'y a aucun jugement moral, les gens sont ainsi, ils existent, avec leurs qualités et leurs défauts.<br /> Ces histoires interpellent, nous transportent dans des « mondes » inconnus.<br /> Les dialogues se succèdent, rendant ses romans très vivants.<br /> « Il possède cette discrète subtilité ondoyante d'entraîner son lecteur en des méandres apparemment indistincts », comme il est écrit dans la quatrième de couverture.<br /> J'aime lire du Emmanuel Bove, pour l'atmosphère très particulière qui s'en dégage et pour son style. C'est un auteur peu connu, et qui gagne à l'être. J'aime beaucoup.<br /></p> http://www.lastulu.com/post/Trilogie-noire#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/235 La librairie aux herbes urn:md5:be2945283a11bf75042b1f636e67fa35 2019-07-02T18:22:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français <h3>de Eric de Kermel<br /></h3> <h4>Éditions Eyrolles<br /></h4> <pre></pre> <h5>Février 2017<br /></h5> <p>Eric de Kermel est né en Corse à Ajaccio en 1963.<br /> Il est journaliste et éditeur de magazines de nature.<br /> Il a grandi entre l’Amérique du Sud et le Maroc. Sa relation à la nature se vit quotidiennement dans un jardin, très régulièrement sur les sentiers de Provence et sur la côte bretonne.<br /> Il a notamment étudié l’impact du réchauffement climatique sur la biodiversité des régions montagneuses françaises.<br /> Il est vice-président du comité français de l’UICN (International Union for Conservation of Nature), spécialiste des questions de communication et de sensibilisation du grand public aux enjeux de la biodiversité.<br /> Il est directeur de Bayard Nature et Territoires (éditeur du magazine "Terre Sauvage") depuis février 2006.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Kermel_1.jpg" alt="Kermel 1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Kermel 1.jpg, mai 2019" /></p> <p>Il était une fois Nathalie, professeur de lettres à Paris. Son mari est architecte. Leurs deux enfants devenus grands sont partis de chez eux. Nathalie se sent à un tournant de sa vie. Elle éprouve le besoin de s'évader de sa vie parisienne, d'aller habiter ailleurs.<br /> La Bretagne où ils ont un pied à terre lui paraît trop grise, trop pluvieuse, trop froide.<br /> Le choix se portera finalement sur Uzès que le couple découvre lors d'un voyage.<br /> Ils y achètent une maison et s'y installent, Nathan pouvant faire des allers retours sur Paris pour son travail sans problème.<br /> Au cours de ses déambulations dans la ville d'Uzès, Nathalie découvre qu'il y a une librairie à vendre au cœur de la cité, sur la place aux herbes. Elle décide sans état d'âme de démissionner de son poste de professeur et de devenir libraire à plein temps.<br /> A partir de là, tout va changer pour elle, au fil des rencontres qu'elle sera amenée à faire dans sa librairie : de Cloé chapeautée par sa mère à Philippe l'infatigable voyageur, en passant par sœur Véronique et son sourire lumineux, et bien d'autres … que l'on découvre au fil des chapitres...<br /> Pour l'auteur c'est une façon habile de nous parler des livres qu'il aime, liste des livres que l'on retrouve fort judicieusement à la fin du roman, de « 93 » de Victor Hugo, en passant par « la ferme africaine » de Karen Blixen, Proust et sa « Recherche du temps perdu », « le quatrième mur » de Sorj Chalandon, « Tristes tropiques » de Claude Lévi-Strauss, « Regain » de Jean Giono et tant d'autres …<br /> Il ne se contente pas de les citer, il en extrait ce qui les caractérise. C'est une vraie apologie de la littérature.<br /> On ne peut que suivre notre libraire Nathalie (et l'auteur Eric de Kermel) et découvrir par son intermédiaire tous ces personnages qui fréquentent sa librairie, avec qui elle échange, qui la transforment, et qu'elle transforme.<br /> C'est une belle histoire qui tourne autour des livres et que son auteur a su rendre à la fois attachante , émouvante et parfois drôle.<br /> Un fort agréable moment de lecture.</p> http://www.lastulu.com/post/La-librairie-aux-herbes#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/237 Pleurer des rivières urn:md5:c1e955cec0eb9b704bff2121e8b861fe 2019-06-12T20:26:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français Jaspard <h3>de Alain Jaspard<br /></h3> <h4>Éditions Héloïse d'Ormesson<br /></h4> <pre></pre> <h5>Août 2018<br /></h5> <p>Alain Jaspard est né en septembre 1940 à Marseille le où s’étaient réfugiés ses parents pendant l’occupation. Il est producteur de cinéma et réalisateur.<br /></p> <p>« Pleurer des rivières » est son premier roman.<br /> Ce livre, c'est l’histoire de deux personnes qui n'auraient jamais dû se rencontrer.<br /> La première, Mériem, de la tribu des Yéniches, femme de Franck, mariée à 15 ans car enceinte, et ayant par la suite eu un enfant presque tous les ans, habite avec sa petite tribu de sept enfants près d'Argenteuil dans un camp de gitans. Elle pense au moment où l'on fait sa connaissance qu'elle en attend un huitième.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Jaspard_1.jpg" alt="Jaspard 1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Jaspard 1.jpg, mai 2019" /> Franck le mari vit de petits boulots et de quelques petits trafics moins avouables.<br /> La deuxième, Séverine, auteur d'albums pour enfants, est mariée à un brillant avocat d'affaires qui aime bien pour se changer les idées défendre de temps en temps des causes perdues devant un tribunal.<br /> Ils vivent dans un quartier chic de Paris et dans l'opulence. Un seul problème se pose à eux, Séverine n'arrive pas à avoir d'enfants, et elle en « pleure des rivières ».<br /></p> <pre></pre> <p>Franck entraîné par son meilleur ami dans une affaire douteuse, finira par se faire arrêter par des policiers et ira en prison en détention provisoire en attendant d'être jugé. Il prend pour avocat celui de Sammy, son ami, et ce sera Julien, le mari de Séverine.<br /> A partir de ces faits, une folle histoire se bâtira peu à peu entre les deux femmes, histoire incroyable d'une sorte d'amitié impossible et de don de l'une pour l'autre.<br /> L'histoire aurait pu s'arrêter là, histoire assez débridée en elle-même.<br /> La providence aurait pu être bonne fille. Mais non, l'auteur aime bien nous surprendre, l'histoire ne finira pas comme un conte de fée.<br /> Force restera à la Loi, uniquement la Loi, rien que la Loi.<br /></p> <pre></pre> <p>L'auteur nous amène à voir également autrement des gens qui vivent en marge, que l'on ne voit même pas en général.<br /> Profondeur et légèreté, sérieux et dérisions, c'est tout cela à la fois, qu'Alain Jaspard sait entremêler avec art.<br /> Sans misérabilisme, sans jugement ni à priori, avec tendresse et réalisme.</p> http://www.lastulu.com/post/Pleurer-des-rivi%C3%A8res#comment-form http://www.lastulu.com/feed/atom/comments/238 Hôtel Waldheim urn:md5:32e5ce0740297fce33206afbd2ca4406 2018-10-13T12:27:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français Vallejo <h3>De François Vallejo<br /></h3> <h4>Éditions Hamy<br /></h4> <h5>Paru le 30 Août 2018<br /></h5> <p>François Vallejo est né au Mans en 1960.<br /> Il est professeur de lettre classique au Havre et écrivain.<br /> Dans les années 90, il se met à écrire des romans.<br /></p> <p>En 2001,"Mme Angeloso" est sélectionné pour les prix Goncourt et Femina.<br /> En 2t006, "Ouest", son sixième livre, sera sélectionné et en finale des prix Goncourt et Renaudot. Il sera lauréat des prix Jean Giono et Livre Inter.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Vallejo_1_s.jpg" alt="Vallejo_1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Vallejo_1.jpg, oct. 2018" /> "Hôtel Waldheim" est cette rentrée sélectionné sur la première liste du Goncourt.<br /></p> <p>Dans « Hôtel Waldheim », nous faisons la connaissance de Jeff Valdera, un auteur de roman français, qui se retrouve brusquement plongé quelques années en arrière, alors qu’il n’avait que 16 ans, suite à la réception d’une carte postale ancienne, postée de Suisse.<br /> Sur cette carte écrite dans un français approximatif, la personne à l’origine de l’envoi, lui évoque des faits qui se sont passés l’année 1976. Cette année là, pour la quatrième et dernière fois, il était parti passer trois semaines à Davos Dorf, en Suisse, en compagnie de sa tante Judith, célibataire, au mois de juillet.<br /> Ce qui est écrit sur cette mystérieuse carte sans signature, le met en situation d’être responsable d’événements qui ont pu se dérouler à Davos, cet été là, ville devenu depuis célèbre avec ses rencontres internationales.<br /> Il est doublement intrigué. Qui a pu lui envoyer cette carte ancienne avec un timbre récent ? Et que s’est il passé cet été là, qui ne lui laissait cependant aucun souvenir spécial ? Mais qui par contre avait l’air d’avoir marqué ce correspondant inconnu.<br /> François Vallejo nous entraîne dans cette double quête.<br /> L’auteur François Vallejo sait habilement maintenir son suspens.<br /> Jeff Valdera mettra du temps à nouer les fils, puis tout au long de ses rencontres et de ses découvertes, il finira par voir peu à peu surgir, avec plus ou moins d’envie, une série d’événements d’un passé totalement oublié.<br /> Manipulé habilement par la personne à l’origine de l’envoi de la carte, il revivra peu à peu l’été 1976.<br /> C’est un vrai thriller qui remet en scène une époque révolue, la guerre froide entre l’Est et l’Ouest, dans un contexte si différent de notre époque qui connaît l’Internet et le téléphone portable.<br /> C’est aussi un livre qui questionne sur la mémoire, sur ce qui dans la vie est retenu ou oublié, sur ce que l’on est ou que l’on croit être, sur la perception que l’on a des personnes et des événements qui n’est pas forcément la même que ceux qui ont pourtant partagé ces mêmes moments.<br /> C’est un livre d’une belle écriture, qui à la fois se lit d’une traite pour découvrir les secrets qu’il contient, et est très attachant.<br /> A découvrir.</p> La beauté des jours urn:md5:ced801ad83909a2e5925c800ab21c161 2018-09-16T18:18:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français <h3>de Claudie Gallay<br /></h3> <h4>Éditions Actes Sud Août 2017<br /></h4> <p>Claudie Gallay est née en 1961 à Bourgoin-Jallieu, en Isère. Elle est l'auteur de plusieurs romans dont « Seule Venise » (2004) que j'ai beaucoup aimé, et « Les déferlantes » (2008) qui l'a fait connaître.<br /></p> <p>« La beauté des jours » est son dernier livre paru.<br /> Jeanne a la quarantaine. Elle est mariée, a deux filles jumelles qui viennent de quitter la maison pour aller faire des études supérieures à Lyon, et travaille à la poste.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Claudie_Gallay_La_beaute_des_jours.jpeg" alt="Claudie_Gallay_La_beaute_des_jours.jpeg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Claudie_Gallay_La_beaute_des_jours.jpeg, août 2018" /> Quand elle a épousé son mari Rémy, elle était jeune.<br /> Ils sont heureux ensemble, font des projets raisonnables, partent sur les plages de Dunkerque tous les étés, elle a droit à son macaron de parfums différents à chaque fois tous les mardis, apportés par son mari, sa vie est calme.<br /></p> <p>C'est une femme d'habitudes qui aime aller voir régulièrement, à quelques kilométrés de là, sa famille qui habite à la campagne, ses parents et sa grand-mère, et une de ses sœurs mariée et avec trois filles. Tous les dimanches c'est le rituel du repas de midi chez les parents.<br /> Pour mettre un peu de piments dans sa vie, il lui arrive bien de suivre dans la rue, pendant la pause déjeuner de midi, un sandwich à la main, des inconnus, et de rebrousser chemin, soit parce que la personne suivie entre quelque part, soit parce que l'heure de la reprise du travail approche.<br /></p> <p>Elle aime aussi beaucoup une artiste plasticienne qu'un professeur lui avait fait découvrir au lycée, Marina Abramovic. Elle l'avait un peu oublié, et elle s'est remise dans sa tête lors de la chute d'un cadre qui la représentait.<br /> Cette artiste recommence à la fasciner, car plusieurs fois dans sa carrière Marina s'est mise en danger lors de « performances », allant jusqu'à risquer la mort, ou s'abîmer la peau .<br /> Il lui arrive de passer de longs moments sur internet pour lire la vie de Marina Abramovic et voir des vidéos où elle se met en scène.<br /> Dans son travail aussi elle aime perturber le train train, en imaginant des façons de faire différentes qui frôlent des limites, qui la font frissonner.<br /> Ses filles parties, la chute du cadre, la rencontre d'un amour de jeunesse dans une personne suivie le midi, vont lui faire réaliser que sa vie manque de fantaisie, qu'elle était peut-être en train de passer à côté de sa vie.<br /> Son mari sent cette transformation et ne le supporte pas. Pour lui, sa femme est tout.<br /> C'est la « crise de la quarantaine ».<br /> A-t-elle le droit de tout remettre en cause ? Doit-elle faire passer son envie de changer avant le bonheur des siens ? Claudie Gallay nous fait vivre les affres, les envies, les espoirs, les doutes de Jeanne.<br /> Elle nous la rend si proche et si familière. On ne peut que partager ses hésitations : partir ou rester, s'accrocher à ce qui est connu, ou aller vers l'aventure.<br /> D'une écriture légère et tendre, l'auteur nous entraîne dans les pas de Jeanne.<br /> C'est un moment de bonheur partagé que de lire « La beauté des jours », de saisir le temps le temps qui passe, le bonheur simple d'aimer, et de côtoyer Jeanne, ses aspirations, ses troubles, ses envies, sa réalité.</p> L'Art de perdre urn:md5:148bd55ed5a4a0652d5de2d362a313c0 2018-06-26T09:05:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français <h3>de Alice Zeniter<br /></h3> <h4>Éditions Flammarion Août 2017<br /></h4> <p>Alice Zeniter est née de père algérien et de mère française, à Clamart, en 1986, dans les Hauts de Seine, a grandi à Champfleur dans la Sarthe, jusqu'à ses 17 ans.<br /> Elle a suivi une partie de son parcours scolaire à Alençon, dans l'Orne.<br /> En 2006, elle est élève à l’École Normale Supérieure.<br /> En 2013, elle est chargée d'enseignement à l'Université Sorbonne Nouvelle.<br /> Elle enseigne également le français en Hongrie, où elle a vécu plusieurs années.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Alice_Zeniter_s.jpg" alt="Alice_Zeniter.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Alice_Zeniter.jpg, juin 2018" /></p> <p>Elle a publié à 16 ans son premier roman en 2003, « Deux moins un égal zéro » aux Éditions du Petit Véhicule.<br /> Son second roman « Jusque dans nos bras », publié en 2010, chez Albin Michel, a été traduit en anglais.<br /> Son dernier roman, publié en 2017, « L'Art de perdre », a reçu de nombreux prix littéraires, dont le prix Goncourt des lycéens.<br /></p> <p>Naïma est une jeune femme née de père algérien et de mère française.<br /> Elle travaille dans une galerie d'art. C'est une trentenaire pleine d'allant et célibataire. Son patron décide un jour d'exposer dans sa galerie un artiste algérien dont il apprécie beaucoup l’œuvre. L'artiste ayant été obligé de quitter l'Algérie pour des raisons politiques, une partie de son œuvre est restée dans son pays.<br /> Le patron de la galerie demande à Naïma de rencontrer dans un premier temps l'artiste en France (il habite en banlieue parisienne) pour voir son travail actuel, mais aussi pour lui demander des adresses des amis qu'il a laissé derrière lui, afin de pouvoir partir en Algérie à la recherche de ses réalisations peintes et dessinées alors. Le projet du galeriste est de les rassembler en vue d'une rétrospective de l'ensemble de son œuvre.<br /></p> <p>Pour Naïma, cela n'est pas simple d'accepter, car elle est petite fille de harki.<br /> Le père de Naïma, Hamid, n'a pas voulu parler de l'histoire familiale, car lui même s'est heurté au silence de son père, Ali. De plus, il est tabou non seulement de parler de l'Algérie, mais encore plus d'y aller faire un voyage.<br /> Pour savoir comment aborder le problème, Naïma essaie d'en savoir plus sur l'histoire bien compliquée de la guerre d'Algérie : le temps de la colonisation, la guerre d'indépendance, l'indépendance. Elle prospecte sur Internet, lit des livres, se noie dans toute l'histoire chaotique de la guerre et des suites douloureuses vécues par les harkis.<br /> Peu à peu, elle remplit à sa façon les vides de son histoire familiale.<br /> Du moulin à huile trouvé dans un torrent, à une petite fortune faîte par Ali et ses frères autour de la culture des oliviers, aux premières révoltes et soulèvements, face à la présence française, au départ précipité des français et d'une partie de ceux qui les ont soutenus, à l'arrivée en France des harkis mis dans des camps, puis utilisés pour des travaux en forêts puis en usines ….. Naïma fait revivre sa famille et nous les fait côtoyer.<br /> Peu à peu elle s'imprègne et nous imprègne de ce passé familial, ainsi que, en parallèle, du passé de l'artiste sur lequel elle fait des recherches.<br /></p> <p>Alice Zeniter nous entraîne à sa suite dans un vrai tourbillon dans une Histoire de France proche, la colonisation et la décolonisation, avec tout ce que cela a eu comme répercussions, déchirures, hauts faits, coups bas, justice et injustice, dits et non dits, …. un passé qui ne sera jamais entièrement refermé, ayant marqué à jamais de nombreuses histoires familiales, transmises de façon plus ou moins conscientes de génération en génération, à l'image de la seconde guerre mondiale.<br /></p> <p>Ali, Hamid, Naïma, le grand-père, le père, la fille, à les avoir côtoyé le temps de la lecture du livre, ils me sont devenus si familiers, si humains, si attachants, que j'aurai aimé continuer à les suivre …..<br /> Alice Zeniter a un vrai don de conteuse, elle nous tient sous sa coupe, nous envoûte.<br /></p> <p>C'est un réel beau livre (506 pages) dont elle nous fait cadeau.<br /> J'ai envie de lui dire : Merci !<br /> A quand le prochain livre …. ?</p> Ce que le jour doit à la nuit urn:md5:d40086a905461765a01ba672e7df1a78 2018-02-28T11:48:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans français <h3>de Yasmina Khadra<br /></h3> <h4>Éditions Pocket Janvier 2017<br /></h4> <p>« Yasmina Khadra est le nom d'écrivain de Mohammed Moulessehoul, né en Janvier 1955 à Kenadsa, dans la wilaya de Bechar, dans le Sahara algérien.<br /> Ce pseudonyme est composé des deux prénoms de son épouse.<br /> Son père est un officier de l'ALN blessé en 1958.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Yasmina_Khadra.jpg" alt="Yasmina_Khadra.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Yasmina_Khadra.jpg, fév. 2018" /> En 1964, il envoie son fils âgé de 9 ans à l'école des cadets d'El Mechouar à Tlemcen afin de le former au grade d'officier. A 23 ans, il sort sous-lieutenant de l'Académie militaire inter armes de Cherchell, avant de servir comme officier dans l'armée algérienne pendant 25 ans.<br /> Durant la guerre civile algérienne, dans les années 90, il est l'un des responsables de la lutte contre l'AIS puis le GIA, en particulier en Oranie. Il atteint le grade de commandant.<br /> Il fait alors valoir ses droits à la retraite et quitte l'armée en 2000 pour se consacrer à l'écriture.»<br /></p> <p>Le premier livre que j'ai lu de Yasmina Khadra est « L'attentat », il y a quelques années. J'avais beaucoup aimé ce livre.<br /> L'occasion m'a été donné récemment de lire un deuxième livre de lui, livre offert à l'occasion des fêtes de Noël.<br /></p> <p>« Ce que le jour doit à la nuit » a été écrit en 2008.<br /> Nous nous trouvons en Algérie dans les années 1930. Un homme est obligé de fuir son village situé dans une vallée de montagnes, suite à un incendie criminel qui l'a ruiné.<br /> Il entraîne avec lui sa femme, sa fille handicapée et son fils.<br /> Ils débarquent à Oran, traversent une ville pimpante et dynamique, aux yeux émerveillés du fils, et finissent par atterrir dans un quartier misérable, sans eau ni électricité, où un « marchand de biens » leur loue une pièce unique, sale et sans confort. L'enfant va devoir s'habituer à la promiscuité, aux cris …. un puits sans eau au milieu de la cour, la misère tout autour de lui, l'argent qui manque, un père qui essaie au jour le jour de trouver du travail pour nourrir sa famille … une mère dépassée, une petite sœur qui ne parle pas …<br /> Un oncle pharmacien, sans enfant, et sa femme, vont finir par le récupérer, pour lui donner une éducation, et donc un bagage solide pour s'en sortir.<br /></p> <p>Younès, appelé aussi Jonas, son double occidentalisé, va nous faire vivre l'ambivalence de sa situation, ses déchirures, partagé entre ses origines algériennes, la perte de vue de sa famille de sang, et sa vie aisée chez son oncle, dans un quartier européen, parmi des amis européens.<br /> Yasmina Khadra parle avec justesse et empathie de son pays, de la difficulté à avoir été colonisée, des pieds noirs qui considéraient l'Algérie comme leur patrie, des algériens qui se sentaient dépossédés car souvent traités comme des sous-hommes, des « larbins », des occasions ratées de communautés qui auraient pu vivre ensemble en se respectant mutuellement …<br /> C'est un très beau livre, écrit dans une belle langue, et dont l'amour du pays ressort à chaque ligne, qu'il soit vu aussi bien du côté des algériens que des pieds-noirs.<br /> Je l'ai quitté avec du soleil au cœur, et le regret que tout ne se soit pas fait de façon plus douce, l'indépendance, une nécessaire réalité, mais payée au prix fort des deux côtés.<br /></p> <p>Merci à Yasmina Khadra et à ma fille de m’avoir fait passé un temps enrichissant, dépaysant et émouvant, en lisant : « Ce que le jour doit à la nuit », un vrai plaisir de lecture.</p> <p>.</p> Mécaniques du chaos urn:md5:3994a6a627879c6ff8b3c054de9455b6 2018-02-13T17:00:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans français Rondeau <h3>de Daniel Rondeau<br /></h3> <h4>Éditions Grasset<br /> Août 2017<br /></h4> <p>Daniel Rondeau, né le 7 mai 1948 au Mesnil-sur-Oger, est un écrivain, éditeur, journaliste et diplomate français. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages parmi lesquels des livres autobiographiques, des romans, des portraits de villes, et des textes sur la littérature et l’Histoire. Ses livres sont traduits en plusieurs langues.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Rondeau_Mecaniques-du-chaos_s.jpg" alt="Rondeau_Mecaniques-du-chaos.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Rondeau_Mecaniques-du-chaos.jpg, fév. 2018" /> Il a reçu le grand prix de littérature Paul Morand en 1998 pour l’ensemble de son œuvre.<br /> Le Grand Prix du roman 2017 de l’Académie française lui a été décerné pour Mécaniques du chaos.<br /></p> <p>« Mécaniques du chaos » un vrai roman choral offert par Daniel Rondeau.<br /></p> <p>De la France à la Libye, de Malte à la Turquie, de l'Algérie à la Sicile, il nous plonge, au travers de ses divers personnages et de leurs aventures , dans la grande ronde des événements du monde actuel : conflits du Moyen-Orient, complots djihadistes, trafic d'armes et de biens archéologiques, banlieues hors de la République, diplomates, marchands d'armes et de drogues, archéologues, affairistes, milieu diplomatique, attentats …. jusqu'au cœur du pouvoir central lui-même.<br /></p> <p>Grimaud l'archéologue, éternel itinérant, Habiba et Rim, réfugiées africaines qui avec l'élan de la jeunesse, voient leur avenir avec le sourire, Bruno le policier désabusé, Laventin des services secrets, Jeannette la journaliste aventurière, Emma l'étudiante déjantée, Sami le jeune de banlieue aux études et à l’avenir brillants, Harry aux rêves irréalistes qui deviennent réalité, Levent personnage trouble à mi chemin entre le diplomate et l'homme d'affaires véreux …..<br /></p> <p>Daniel Rondeau nous entraîne, de son écriture fluide et précise, dans une ronde qui va de plus en plus vite, qui s'accélère au fil des pages dans un tel tourbillon, (où affairisme, politique et religion s'interpénètrent) que lorsque la dernière 458ème page arrive, on se sent brusquement stoppé dans l'élan qu'il avait si bien impulsé, à tel point qu'il est bien difficile de se dire que c'est terminé.<br /> Excellent roman que nous offre Daniel Rondeau !<br /></p> 1914-1918 Français et Allemands dans les tranchées urn:md5:2df9fe7db0fb8671222445b8d37dc793 2017-04-16T16:31:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français la guerre <h3>Éditions Le Livre de Poche Novembre 2013<br /></h3> <p>En un seul volume ont été rassemblés en version intégrale les quatre romans essentiels sur la Première Guerre Mondiale :<br /></p> <p>Les Croix de bois, de Roland Dorgelès<br /></p> <p>Orages d'acier, de Ernst Jünger<br /></p> <p>A l'Ouest rien de nouveau, de Erich Maria Remarque<br /></p> <p>La peur, et Crapouillot, de Gabriel Chevallier<br /></p> <p>Ce sont des années terribles qu'évoquent ces quatre romans. Ils nous montrent ce que les armées françaises et allemandes ont vécu.<br /> La vie dans les tranchées, la dureté des combats, le mauvais temps, la faim, les balles qui sifflent, les obus qui explosent, les nuages de gaz, les copains qui tombent, l'espoir d'une fin prochaine de la guerre, fin qui ne vient pas, la peur au ventre, le mauvais vin qui enivre, les récupérations d'armes, de bottes, de vêtements sur les morts, le danger partout qui rode. J'avais lu il y a bien longtemps « A l'ouest rien de nouveau ».<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.1914-1918_s.jpg" alt="1914-1918.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="1914-1918.jpg, avr. 2017" /> C'était un livre qui m'avait d'autant plus marqué qu'il m'avait fait réaliser pour la première fois une réalité importante : ce qu'avaient vécu les soldats français ressemblait beaucoup à ce qu'avaient vécu les soldats allemands, en face d'eux.<br /></p> <p>Vainqueurs comme vaincus des nombreuses batailles menées souffraient, se battaient, vivaient dans la promiscuité, se retrouvaient dans les tranchées, s’entre tuaient, connaissaient la faim, la soif, le froid, l'adversité, la solitude, la peur, l'angoisse de mourir.<br /> Partis la fleur au fusil, les soldats très vite devaient s'adapter aux dures conditions des champs de bataille.<br /> Quatre longues années qui ont fait d'une génération d'hommes (ceux qui en sont revenus) des hommes qui ont oublié ce que c'était de vivre normalement, et qui gardent en mémoire ceux qu'ils ont laissé, ce qu'ils ont vécu.<br /> Dans les Croix de bois, comme dans « A l'ouest rien de nouveau », les personnages sont fictifs, mais on sent que les auteurs parlent de leur « vécu » à travers leurs personnages. Rien n'est embelli. C'est au plus près du réel.<br /> Dans « Orages d'acier », comme dans « La peur » et « Crapouillot », ce sont les journaux tenus au jour le jour par les auteurs qui sont retranscrits.<br /> Et dans tous ces livres, on voit ce qu'est la guerre, ce qu'elle a de terrible et d'inhumain.<br /> Simple soldat ou gradé, ceux qui sont au combat sont confrontés sans cesse à la dureté de la vie de soldat. Et l'on voit ce phénomène récurent du rejet des « planqués » de l'arrière, qui sur le papier imagine la guerre, donne des ordres de combat, glorifie ou condamne, sans avoir jamais mis le moindre orteil sur les champs de bataille.<br /> Et les civils côtoyés lors de permissions, ou de convalescence, qui se montrent va-t-en-guerre, famille, amis, inconnus, et à qui il faut cacher ses profonds sentiments de rejet de la guerre, sous peine de passer pour de mauvais patriotes.<br /></p> <pre></pre> <p>Témoignages d'hommes qui ont vraiment combattu, sur le terrain, des deux côtés, ces quatre livres sont remarquables, bouleversant, poignant, et sensibilisent le lecteur à la réalité des guerres, au sacrifice qu'elles représentent, et aux bouleversements qu'elles entraînent.<br /> Beaucoup d'entre eux ne revinrent jamais, et il est bon qu'on leur rende hommage cent ans après, aussi bien lors de cérémonies commémoratives, que lors de la parution de livres qui leur sont consacrés.<br /> Si les avoir en mémoire pouvait éviter parfois le pire de nos jours …..</p> D'après une histoire vraie urn:md5:2228f3e7c0dbd47df6e4321f02b4ddc6 2017-01-11T14:53:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans français <h3>de Delphine de Vigan<br /></h3> <h4>Éditions J-C Lattès Novembre 2015<br /></h4> <p>Delphine de Vigan est une romancière et réalisatrice française née en 1966 à Boulogne-Billancourt. Elle est l'auteur de sept romans dont « No et moi », Prix des Libraires en 2007.<br /></p> <p>Delphine de Vigan s'est révélé à mes yeux lors de la parution de son livre « Rien ne s'oppose à la nuit », livre qui a eu les prix FNAC, Grand Prix des lectrices d'Elle, et Prix Renaudot des lycéens.<br /> Dans « D'après une histoire vraie », il semble que Delphine de Vigan ait voulu peut être s'éloigner du livre précédent qui évoquait pour elle un passé douloureux et très personnel.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.de_Vigan_3_s.jpg" alt="de_Vigan_3.jpeg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="de_Vigan_3.jpeg, oct. 2016" /> Pour ce faire, elle s'est comme dédoublée, et nous raconte une histoire qui arriverait à son double.<br /> Delphine a mis beaucoup d'elle dans son précédent livre. Lorsqu'elle rencontre les journalistes ou les lecteurs, lectrices, les questions posées la ramènent sans cesse à son passé douloureux, alors que pour elle l'écrire et le publier, c'était avant tout prendre de la distance . Delphine peu à peu essaie de se sortir de son histoire. Elle rencontre lors d'une soirée chez des amis, une personne,L.<br /> Cette personne, réelle ou créée, prend tout de suite une terrible emprise sur elle, la fagocite progressivement au cours de leurs rencontres, mais en s'arrangeant toujours à ne jamais croiser les personnes proches de Delphine.<br /> Cette prise de possession n'a qu'un but, lui faire écrire une histoire qui soit une suite de « Rien ne s'oppose à la nuit », une histoire qui aille encore plus loin dans son intime, dans ce qu'elle a vécu. Mais Delphine ne veut pas. Peu à peu, elle bloque, et ne peut plus écrire une ligne.<br /> Cette descente aux enfers est très bien décrite.<br /> Ce qui est étonnant, c'est que ce roman qui a reçu le Prix Renaudot à sa sortie, peut être lu et interprété de deux façons :<br /> soit c'est une histoire réellement vécue, et c'est une remarquable mise en abîme d'un être sans défense prise entre les mains d'une grande manipulatrice destructrice<br /> soit c'est une fiction où se mêlent quelques éléments réels et cette histoire paraît alors malhabilement racontée. Elle se ramènerait à une historiette pour ados à laquelle on ne peut vraiment pas adhérer.<br /> Le vrai sujet de ce livre est, me semble t il, qu'elle est la part du VRAI et la part de l'INVENTE dans les romans, qu'ils soient autobiographiques ou non. L'écrivain écrit sa part d'histoire personnelle, d'après ses propres souvenirs. Chaque vécu diffère, d'une personne à l'autre. Aussi sincère que soit celui qui écrit, l'histoire narrée ne sera pas exactement la même que celle vécue par des personnes proches présentes dans ces mêmes moments.<br /> Ce livre, comme le précédent, touche à ce point sensible. Delphine de Vigan donne l'impression de vouloir brouiller les cartes par rapport à son précédent livre, en mélangeant dans « D'après une histoire vraie » le vrai et le faux, comme pour signifier aux lecteurs lectrices « Ne m'interrogez plus sur le les liens qui existent entre ma vie et mes livres », laissez moi à distance de tout cela.<br /> Mais à vouloir trop brouiller les cartes et faire un mélange des genres, l'impression finale est un entre deux, et laisse un léger goût d'inachevé, par rapport au livre précédent qui paraissait plus sincère.</p> Babylone urn:md5:bda89ba4cef54755a296a23bdcb441e0 2016-12-21T20:09:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans français <h3>de Yasmina Reza<br /></h3> <h4>Éditions Flammarion Automne 2016<br /></h4> <h5>Version numérique, 115 pages<br /></h5> <p>Yasmina Reza est femme de lettres française, née le 1ᵉʳ mai 1959 à Paris.<br /> Yasmina Reza est un auteur à la production très variée. Sa pièce « Art » est une réussite internationale qui la fait connaître du grand public.<br /></p> <p>« Quand Jean-Lino était enfant, son père, de temps en temps, après le repas du soir, prenait le livre des Psaumes et lisait un passage à voix haute. Le galon marque-page ouvrait toujours au même endroit. Il ne venait pas à l'idée de son père de le déplacer, de sorte qu'il lisait toujours le même verset, celui de l'exil :<br /> Aux rives des fleuves de Babylone nous nous sommes assis et nous avons pleuré, nous souvenant de Sion »<br /></p> <p>Élisabeth a 62 ans. Elle a perdu sa mère dix jours auparavant. Cette perte la ramène au regret du temps qui passe, à son<img src="http://www.lastulu.com/public/Yasmina_Reza.gif" alt="Yasmina_Reza.gif" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Yasmina_Reza.gif, nov. 2016" /> irréversibilité, un flot de souvenirs refait surface, son premier amour Joseph Denner, avec qui elle a fait les cent coups, les folles échappées en bande, la vie familiale avec la violence du père et le voile mis dessus par la mère …<br /> Pour se sortir du quotidien, et en réaction à tous les sentiments qui l'assaillent, elle décide sur une impulsion, ce qu'elle n'a encore jamais fait, de donner une fête de printemps chez elle, en invitant des proches (famille, amis, collègues) d'elle et de son mari Pierre. Elle envoie une quarantaine d'invitations , se prend d'agitation pour tout organiser, demande à leur voisin du cinquième, gens du dessus,si ils peuvent prêter quelques chaises et verres, et du coup est amenée à les inviter aussi.<br /> Leurs amis et eux-mêmes sont d'un milieu intellectuel (chercheur, documentaliste, historien, dessinateur de B.D. …..).<br /> Les voisins invités ne sont pas du même monde (Jean-Lino Manoscrivi travaille dans l'électroménager et Lydie Gumbiner se veut thérapeute new âge et chanteuse de jazz dans des estaminets le soir.<br /> La soirée venue démarre lentement, et finit pas s'animer avec l'arrivée des convives et les boissons prises.<br /> Quand la soirée se termine et que tout le monde est parti, c'est le débriefing entre Élisabeth et Pierre sur le déroulement de la soirée, ils discutent avant d'aller dormir. Lorsqu'un coup de sonnette retentit à point d'heure.<br /> Jean-Lino, le voisin, débarque chez eux l'air hagard et les cheveux en bataille, en leur annonçant qu'il vient d'étrangler sa femme. A partir de là, une succession d'événements inattendus et surprenants va se succéder.<br /> Entre humour noir et œil critique, l'auteur nous entraîne à sa suite dans un tourbillon de faits présents et passés, prenant plaisir à brouiller les cartes, nous donnant un récit non linéaire, allant d'un sujet à un autre, d'un «coq à l'âne», d'un personnage à un autre, un mot en enchaînant d'autres, des scènes en appelant d'autres, tout cela par association d'idées, tel qu'en fait la pensée s'égare lorsqu'on lui donne libre court.<br /> Et Yasmina Reza, pour notre plus grand plaisir, ne s'en prive pas.<br /> Un bon moment de lecture.</p> L'autre qu'on adorait urn:md5:7faafa70d5c1772689c7ec75dc6245d3 2016-12-10T20:18:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans français <h3>Catherine Cusset<br /></h3> <h4>Editions Gallimard Juin 2016<br /></h4> <p>Catherine Cusset est un auteur que j'aime beaucoup. Elle est née en 1963 à Paris. Son premier livre est sorti en 1990. Mais c'est en 1999 qu'elle marque un grand coup avec "Le problème avec Jeanne".<br /></p> <p>Ce livre, puis « La haine de la famille » 2001,« Un brillant avenir » 2008 appartiennent au Panthéon des livres que j'ai particulièrement aimé.<br /></p> <p>Son nouveau livre se situe au même niveau que les trois précédemment cités.<br /> « L'autre qu'on adorait » reprend en titre un passage d'une chanson de Léo Ferré.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Catherine_Cusset.jpg" alt="Catherine_Cusset.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Catherine_Cusset.jpg, déc. 2016" /> Et ce n'est pas un hasard.<br /></p> <pre></pre> <p>Car l'ami disparu que l'auteur fait revivre sous nos yeux est un fou de musique, son Ipod toujours près de ses oreilles ; Thomas s’enivre de tous les genres, Blues, jazz, classiques, chanteurs de bonnes variétés..... , c'est son refuge, son évasion, son havre.<br /> Thomas, copain du frère de Catherine Cusset, a été un amant, avant de devenir un grand ami de l'auteur. Tout au long de leurs vies, ils se sont « suivis », jamais entièrement quittés, ou ignorés,<br /> ils ont partagé leurs bons et mauvais moments, quelques soient les kilomètres qui ont pu les tenir à distance.<br /> Mais voilà, un jour, à 39 ans, Thomas s'est retrouvé seul avec lui-même, face à sa maladie psychique (la bipolarité diagnostiquée tardivement), face à ses échecs de carrière, dans diverses universités américaines, face à ses impasses d'une vie privée qu'il a eu très agitée.<br /> Alors au moment ultime, et malgré la présence de sa famille (le père, la sœur) et de ses ami(e)s, il a franchi l'inéluctable seuil, celui dont on ne revient pas.<br /> D'une écriture incisive, rythmée, précise, l'auteur court littéralement tout au long de son récit. Elle nous dit Thomas, tel qu'elle l'a vu, perçu, aimé, rejeté, apprécié, bousculé.<br /> Elle a voulu refaire tout le parcours qui l'a amené jusqu'au geste fatidique.<br /> C'est un parcours à la fois long et court, un parcours fait de moments d'enthousiasme et de moments de profonde déprime.<br /> Elle a dû, on imagine, interroger toutes les personnes que Thomas a croisées, visiter tous les lieux, universités américaines, villes, campus, logements successivement habités, sans oublier les parenthèses de sa vie parisienne. Elle a voulu le faire revivre, et elle le fait à merveille, quel plus bel hommage ainsi lui rend elle !<br /> Et il vit et revit tout au long des 290 pages .... celui qui voulait devenir écrivain, est devenu sujet de livre.<br /> C'est en quelque sorte sa part "d'immortalité", que Catherine Cusset lui offre.<br /> Comme si, se sentant coupable de n'avoir pas "su être là au bon moment et au bon endroit", l'auteur avait voulu se "racheter" par ce livre qui ne le ménage pas, certes, mais qui nous le fait aimer avec ses qualités et ses défauts, et qui nous le fait regretter, véritable tour de force de l'auteur.<br /> C'est l'un des très rares livres lus, qu'à peine terminé, j'ai envie de relire, regrettant d'avoir à le quitter.</p> Mémoire de fille urn:md5:c3af95b1c3af8cb06059860a23fe2aa7 2016-07-05T22:34:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français Annie Ernaux <h3>de Annie Ernaux<br /></h3> <h4>Éditions Gallimard Mars 2016<br /></h4> <pre></pre> <p>Annie Ernaux a passé son enfance et sa jeunesse à Yvetot, en Normandie. Née dans un milieu social modeste, de parents d’abord ouvriers, puis petits commerçants qui possédaient un café épicerie, Annie Ernaux fait ses études à l’université de Rouen puis de Bordeaux. Elle devient successivement professeure certifiée, puis agrégée de lettres modernes. Au début des années 1970, elle enseigne au lycée de Bonneville 2, au collège d’Évire à Annecy le Vieux, puis à Pontoise, avant d'intégrer le CNED.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Annie_Ernaux.jpg" alt="Annie_Ernaux.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Annie_Ernaux.jpg, juil. 2016" /> Annie Ernaux fait son entrée en littérature en 1974 avec Les armoires vides, un roman autobiographique. En 1984, elle obtient le prix Renaudot, pour un de ses ouvrages à caractère autobiographique, La Place. Elle a également écrit Une femme en 1988, Passion simple en 1991, La Honte en 1997, Les Années en 2008 …. a publié des études, des essais …<br /></p> <p>« Mémoire de fille » est son dernier livre.<br /> Elle (l'auteur) n'a pas encore dix-huit ans, n'a aucune expérience de la vie.<br /> Elle sort d'un pensionnat catholique, brillante élève et enfant unique et choyée par des parents commerçants aimants.<br /> L'été 58, après le bac, elle décide de partir comme monitrice dans une colonie de vacances.<br /> Elle ne connaît rien à la vie, est dans l'attente de l'inconnu et du monde laïc qu'elle n'a pas eu l'occasion de côtoyer<br /></p> <p>Dès le début de la colonie, le premier samedi soir, une fête pour les moniteurs est organisée. Elle y va, lunettes enlevées et cheveux décoiffés.<br /> Elle est invitée dès la première danse, un rock, par le moniteur-chef « H », « baraqué, grand, blond, un peu ventru » et qui lui en impose.<br /> Elle se laisse subjuguée par sa présence, son autorité, son rôle de « supérieur hiérarchique ».<br /> Elle dit oui à tout, à la danse, à un premier baiser dans le noir, à sortir dans la nuit, à aller dans sa chambre, à se retrouver nue dans son lit avec lui … il est son professeur, son éducateur, son mentor … Elle est devenue son objet. Lui, il n'a qu'une idée, sa satisfaction personnelle. Il n'a cure de ce qu'elle peut éprouver, espérer.<br /> Au bout d'un moment, il se lève, se lave, s'en va. Et puis, les jours suivants, il l'ignore.<br /> La descente aux enfers commence pour elle. Elle devient une « fille de chiffon ». Tout lui est égal. Elle se laisse amener les jours suivants par les autres moniteurs qui n'ont qu'une intention, c'est se moquer d'elle, s'en amuser. Elle se laisse faire, son besoin de lui, de le laisser maître de son corps, la rend étrangère à tout sentiment de dignité.<br /> Lui, « H », trouve une autre monitrice plus libérée. Elle, elle continue à être dans l'affolement de la perte, dans l'abandon. Elle le retrouvera une fois, mais pour mieux le perdre ensuite.<br /> Cette descente aux enfers aboutira à la déglinguer physiquement et psychologiquement pendant les deux années qui vont suivre. « Depuis « H », il lui faut un corps d'homme contre elle, des mains, un sexe dressé. L'érection consolatrice. »<br /> Le retrouver un jour est devenu une de ses raisons de vivre. Il reviendra et elle saura l'éblouir par son physique et par sa réussite. Peu à peu elle réalise sa folie, elle n'a plus jamais envie de le revoir, veut oublier, ne plus jamais en parler à personne.<br /> A mesure que le temps passe, elle se rend compte qu'en travaillant à sa propre valeur (pour l'éblouir), elle s'est dans les faits éloignée inexorablement de lui.<br /> Mais l'histoire reste en elle, une chanson, un film ou un livre la ramène à son douloureux passé.<br /> Jusqu'au jour où elle décide, plus de cinquante ans après, d'écrire sur cet été 58.<br /> « Évoquer ses souvenirs,les mettre sur le papier, voilà, c'est cela qui va lui permettre de prendre le vrai recul, sur cet événement fondateur qui a marqué à jamais sa personnalité, qui a fait ce qu'elle est devenue »<br /></p> <p>« J'ai commencé à faire de moi un être littéraire , quelqu'un qui vit les choses comme si elles devaient être écrites un jour »<br /> « Ce récit est celui d'une traversée périlleuse, jusqu'au port de l'écriture. »<br /> « Ce qui compte, ce n'est pas ce qui est arrivé, c'est ce qu'on fait de ce qui est arrivé ».<br /> « Explorer le gouffre entre l'effarante réalité de ce qui arrive, au moment où ça arrive et l'étrange irréalité que revêt, des années après, ce qui est arrivé ».<br /></p> <p>Ce livre est une sorte de thérapie qui soigne, panse, et ouvre vers l'oubli.<br /> C'est une sorte de testament, de dernier livre, qui fait suite à tous ses autres (qui en découlent) mais qui dans les faits est chronologiquement son premier.<br /> Pour mieux se distancier de son sujet, Annie Ernaux utilise le « elle » du passé en opposition au « je » du présent, et évoque les événements politiques de l'époque avec l’œil d'aujourd'hui.<br /> C'est un livre riche d'une multitude de thèmes (la condition de la femme d'alors, la lecture du « deuxième sexe » de Simone de Beauvoir, le décalage social d'elle par rapport aux personnes fréquentées en prépa, puis à l’École Normale, puis à l'Université, l'intime et le social), écrit dans une belle langue sans fioriture, véritable scalpel de l'âme qui va à l'essentiel.<br /> En un mot, un livre âpre et magnifique, une vraie libération pour son auteur.</p> Et je danse aussi urn:md5:5ac4fc294eeeb82b79dab43394483d3f 2016-05-19T23:16:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français Bondoux et Mourlevat <h3>de Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat<br /></h3> <h4>Éditions Fleuve Août 2015<br /></h4> <p>C'est un livre original, puisqu'il a été écrit au départ à quatre mains, les deux auteurs s'envoyant par correspondance leurs répliques, comme un jeu … prenant la place des deux personnages du roman.<br /></p> <p>Pierre-Marie Sotto est un écrivain célèbre en panne d'inspiration depuis que sa femme a disparu sans laisser ni mot ni adresse. Son éditeur a beau le relancer, rien ne sort de sa plume. Il ne peut plus écrire.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Mourlevat_s.jpg" alt="Mourlevat.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Mourlevat.jpg, fév. 2016" /></p> <p>Un jour il reçoit par la poste une enveloppe volumineuse d'une certaine Adeline Parmelan.<br /> Comme il s'ennuie à ne rien faire, lui qui ne répond jamais à aucun courrier, il lui envoie un mail pour lui dire que l'enveloppe reçue ne l'intéresse pas, qu'il n'est pas éditeur, et qu'il va lui renvoyer dès le lendemain.<br /> Aussitôt elle lui répond que ce n'est pas un manuscrit qu'elle lui envoie, mais quelque chose qui peut l'intéresser, lui, qu'il faut qu'il garde l'enveloppe.<br /> Devant le côté énigmatique de cette réponse, il lui répond, tout en se gardant d'ouvrir le courrier litigieux, et c'est ainsi que va s'engager un dialogue entre l'écrivain et sa correspondante mystérieuse. Et si cette fièvre d'échanges n'avait rien du hasard ? Chacun étant très solitaire va peu à peu se dévoiler.<br /> Les raisons du début de l'échange vont se dissoudre avec le temps.<br /> Les deux auteurs,Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat, à l'image de leurs personnages, se sont pris au jeu .<br /> C'est ce qui fait le sel de ce roman qui navigue entre histoire d'amour et enquête policière.<br /></p> <p>Ce roman pique la curiosité, le récit se fait par petites touches, rapproche par la magie des mots deux personnes qui ne se sont jamais rencontrées.<br /> Il y a des livres qui font se sentir bien. Celui ci en fait partie.<br /> Plaisir à ne pas bouder par les temps qui courent.</p> Un amour impossible urn:md5:4c29ffb2a2796b1b0f0c494d6d926864 2016-05-17T23:30:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français Angot <h3>de Christine Angot<br /></h3> <h4>Éditions Flammarion Août 2015<br /></h4> <p>Christine Angot est née le 7 février 1959 à Châteauroux. Romancière et dramaturge française, elle pratique fréquemment la lecture publique de ses textes.<br /> C'est son septième roman, « L'inceste », qui la propulsera dans le monde médiatique, de par son côté sulfureux, si sulfureux et médiatique, qu'à l'époque, cela m'avait « empêché » de la lire.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Angot.jpg" alt="Angot.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Angot.jpg, fév. 2016" /></p> <p>Et puis une occasion m'a été donné de lire « Un amour impossible ».<br /> Le paradoxe veut que c'est en fin de compte le même sujet qui est traité !<br /> Christine Angot est une conteuse née. Dès les premières lignes, je me suis laissée bercer par la musique de sa langue. Pour moi, c'est si important !<br /> Mais ce n'est pas suffisant. Sur le fond, Christine Angot trace un portrait de sa mère, vu à travers le double prisme de ses yeux d'enfant et d'adulte.<br /> Ce portrait, à la fois tendre et cruel, nous raconte l'imperfection de la vie vécue, avec ses hauts et ses bas, ses moments de grâce et ses zones d'ombre qui marquent à jamais un être.<br /> Cette mère, Rachel, de milieu modeste, belle et jeune, tombe amoureuse d'un jeune homme d'un milieu bourgeois parisien, rencontré en gare de Châteauroux.<br /> Pour Rachel, tout est possible, parce qu'elle l'aime.<br /> Pour lui, il en ira autrement, il veut bien par exemple d'un bébé, si il s'en présente un, mais pas du mariage. C'est une époque, l'après-guerre, où il ne fait pas bon être « fille-mère ».<br /> Et c'est ainsi que la vie de Christine Angot s'en trouvera marquée.<br /> Par touches successives, elle nous décrit sa vie avec sa mère et sa grand-mère, puis avec sa mère seule, les apparitions rares de son géniteur qui font qu'elle s'en sent étrangère, les difficultés engendrées par l'absence de ce père tant sur le plan de la vie familiale que sociétale.<br /> Puis l’événement arrivera, elle en sera d'autant plus marquée que du côté de sa mère, ce sera l'aveuglement, le silence, le vide. Elle grandira, se murera, sera de plus en plus dure avec sa mère.<br /> C'est un roman fort, dérangeant, bouleversant, renforcé par une écriture qui coule de source.<br /> C'est pour moi la découverte d'un grand écrivain.<br /> De lire ce livre m'a donné l'envie de découvrir d'autres livres de Christine Angot.</p> La Nostalgie heureuse urn:md5:9e7049444d6dbfa5ebdabd7470d66581 2016-04-23T22:46:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français Nothomb <h3>de Amélie Nothomb<br /></h3> <h4>Éditions Le Livre de Poche Janvier 2015<br /></h4> <p>Amélie Nothomb est née en Belgique le 9 juillet 1966. Elle pensait devenir enseignante.<br /> Et puis en 1992, elle publie « Hygiène de l'assassin ». C'est un succès immédiat, médiatique et de librairie. Elle paraît sur la petite lucarne avec un grand chapeau noir et beaucoup d'aisance. Elle marque les esprits. Certains l'accusent d'en jouer.<br /> A chaque rentrée littéraire de septembre, elle publie un nouveau livre. Elle a ses fidèles lecteurs, dont je ne fais pas partie.<br /></p> <p>Personnellement, je n'ai jamais beaucoup « accroché » à ses récits.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Amelie_Nothomb_1_s.jpg" alt="Amelie_Nothomb_1.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Amelie_Nothomb_1.jpg, mar. 2016" /> Une connaissance (Florence Mottin) avait même essayé à une époque de me convertir à son enthousiasme en me passant plusieurs de ses livres.<br /> Mais chaque livre essayé me tombait des mains. J'avoue n'en avoir terminé aucun.<br /> Et puis, dernièrement, une amie m'a offert « La nostalgie heureuse ».<br /> C'est un petit livre de poche de 150 pages.<br /> Je m'y suis donc plongée.<br /> Amélie Nothomb a écrit ce livre à l'occasion d'un retour au Japon, pays où elle a vécu dans ses premières années, son père étant diplomate, puis quelques années plus tard lorsqu'elle a fait un stage dans une entreprise japonaise.<br /> C'est la première fois qu'elle y remet les pieds pour visiter les endroits où elle a vécu, suivie de près par une caméra de télévision, en vue d'une émission qui lui est consacrée.<br /> Là, j'ai tout de suite retrouvé l'écrivain auto centrée sur elle-même, qui voit tout et ressent tout par rapport à ce prisme du Grand Moi. Heureusement, au fil des pages, elle a su trouver les bons mots et la bonne façon d'exprimer ce qu'elle ressent lorsque par exemples elle rencontre sa nounou ou son premier amour ou revoit le quartier où elle a vécu. Elle fait passer une émotion non feinte et du coup son auto centrisme devient supportable.<br /> J'en garde donc plutôt un bon souvenir, même si sur le fond, ma position vis à vis de l'auteur et de ses œuvres ne change guère.</p> Soumission urn:md5:0651591d204531b72b86bd3efa6ca9ea 2016-04-14T00:27:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français Houellebecq <p>de Michel Houellebecq Éditions Flammarion Janvier 2015</p> <p>Michel Houellebecq est né le 26 février 1956 à St Pierre à la Réunion. C'est un écrivain, essayiste, poète et romancier français. Il est également à ses moments perdus chanteur, réalisateur et acteur.<img src="http://www.lastulu.com/public/.Houellebecq_2_s.jpg" alt="Houellebecq_2.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Houellebecq_2.jpg, fév. 2016" /> Les romans qui l'ont fait connaître sont : « Extension du domaine de la lutte », et « Les particules élémentaires » Il a eu le Prix Goncourt en 2010 pour « La carte et le territoire ». « Soumission » est son sixième roman.</p> <p>Ce livre se veut une fable poétique et morale. Le narrateur est un professeur universitaire. Sa carrière se déroule normalement, sans accroc, il s'ennuie même. Il n'a pas de vie familiale, pas de vrais grands amis, il a des relations professionnelles et des aventures avec des étudiantes. Et ainsi le temps passe. Ce qui va changer le cours de sa vie, ce sont des événements politiques extérieurs à l'Université, mais qui interféreront au sein de cette même université, et dans la vie de tous les gens. L'auteur a une façon très insidieuse de montrer comment une vie politique sans éclat, où gauche et droite se succèdent sans trouver de solutions aux grands problèmes du moment, peut aboutir progressivement à amener au pouvoir un homme de religion musulmane. Cet homme, aux apparences ouvertes et modernistes, arrive à imposer à un pays comme la France, certains préceptes incontournables, comme le port du voile, la masculinisation de certains milieux etc …. Sa première réaction est de vouloir fuir, sa deuxième de se soumettre …..</p> <p>Comme chaque fois que j'ai été amené à lire un livre de Michel Houellebecq, j'éprouve toujours les mêmes réactions, le même ressenti : je m'ennuie. Insensible à son humour qu'il manie parait-il avec dextérité, je vais jusqu'au bout de ma lecture, et puis je ferme le livre, et j'oublie.</p> Complètement cramé urn:md5:ffbe8321d383aa837f02b023bc9dcffd 2016-04-05T23:13:00+01:00 Andrée Laporte-Daube Romans français Legardinier <h3>de Gilles Legardinier<br /></h3> <h4>Éditions Pocket Février 2014<br /></h4> <p>Gilles Legardinier est un écrivain français né à Paris en en 1965. IL travaille sur les plateaux de cinéma américains et anglais. Il réalise également des films publicitaires, des bandes-annonces et des documentaires sur plusieurs blockbusters.<br /> Il se consacre aujourd'hui à la communication pour le cinéma pour de grands studios, et aux scénarios, ainsi qu'à l'écriture de ses romans. Il alterne entre des genres très variés, notamment en littérature enfance et jeunesse.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/Legardinier.jpg" alt="Legardinier.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Legardinier.jpg, fév. 2016" /></p> <p>Arrivé à un âge où presque tous ceux qu’il aimait sont loin ou disparus, Andrew Blake n’a même plus le cœur à orchestrer ses blagues légendaires avec son vieux complice, Richard.<br /> Sur un coup de tête, il décide de quitter la direction de sa petite entreprise anglaise (il la cède à sa secrétaire!) pour se faire engager comme majordome en France, pays où il avait rencontré sa femme. Là-bas, personne ne sait qui il est vraiment, et cela lui va très bien. Mais en débarquant au domaine de Beauvillier, en Bretagne, rien ne se passe comme prévu…<br /> Entre Nathalie, sa patronne veuve aux étranges emplois du temps, Odile, la cuisinière et son caractère aussi explosif que ses petits secrets, Manon, jeune femme de ménage perdue, Philippe, le régisseur bien frappé qui vit au fond du parc, et même l’impressionnant Méphisto, chat assez incroyable, Andrew ne va plus avoir le choix ….<br /> Lui qui croyait sa vie derrière lui va être obligé de tout recommencer.<br /></p> <p>C'est enlevé, joyeux, plein d'optimisme … ça fait du bien !<br /> Idéal par les temps actuels !</p> En souvenir d'André urn:md5:5d284d88c8c68ddad527a7698fad1e0e 2014-11-19T09:24:00+00:00 Andrée Laporte-Daube Romans français Winckler <h3>de Martin Winckler<br /></h3> <h4>Éditions Folio février 2014<br /></h4> <p>Martin Winckler est né en 1955 à Alger. Il a fait ses études de médecine à Tours entre 1973 et 1982. Écrivain et médecin, (il a notamment écrit « La maladie de Sachs » en 1998), il a une vie trop fournie pour que je m'étende ici sur le sujet.<br /> Il est actuellement installé à Montréal où il vit avec sa famille.<br /><img src="http://www.lastulu.com/public/.Martin_Winckler_s.jpg" alt="Martin_Winckler.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Martin_Winckler.jpg, nov. 2014" /></p> <p>« En souvenir d'André » est paru en 2012 chez P.O.L, et en poche en 2014.<br /> Le narrateur travaille dans un hôpital, à l'Unité de la douleur.<br /> Il est formé à soulager les malades, à manier « les antalgiques mineurs et la morphine ».<br /> Il a appris sur le tas « à analyser les douleurs chroniques, à identifier l'origine des douleurs projetées, à apprivoiser les douleurs fantômes ». Mais au bout de quelques années de pratique, il s'est aperçu que tout son savoir et ses acquisitions au jour le jour ont leur limite, et qu'il fallait peut-être qu'il aille plus loin, sans encore trop savoir vers quoi.<br /> Le début du déclic s'est produit lorsqu'une malade qui n'en avait plus pour longtemps, lui a demandé à pouvoir rentrer chez elle pour mourir auprès des siens, ce qui ne se faisait pas à l'époque et qu'il a autorisé.<br /> Au fil du temps, il s'est rendu compte que même en soignant les douleurs physiques ou morales, chez certains des patients, cela ne suffisait pas. Le vide de la vie de grand malade, l'absence des autres, pouvaient être un plus grand enfer que la douleur elle-même. Alors il a permis l'usage du libre arbitre en donnant les moyens, mais sans intervenir directement lui-même sur la fin.<br /> Les médecins pendant longtemps considéraient que « sauver la vie, c'était leur blason, donner la mort, un privilège de leur caste. » Lui a voulu progressivement qu'il en soit autrement.<br /> Cela a commencé par sa rencontre avec André, médecin lui-même, et qui lui a demandé de l'assister, car gravement malade et sans espoir de s'en sortir.<br /> Puis son numéro de portable a circulé, d'autres cas se sont présentés....<br /> Ce livre, plus proche de l'essai que du roman, mais dont le côté romancé rend plus acceptable la rudesse du sujet, aborde des problématiques essentielles, qui font grands débats aujourd'hui : le droit à décider pour un malade sans possible rémission, d'abréger sa vie, de mettre un terme à des souffrances sans fin, et le droit de se faire aider pour y parvenir.<br /></p> <p>Martin Winckler aborde le sujet sans tabou et avec mesure, développant les divers argumentaires avec justesse et mûres réflexions, par le biais d'un roman remarquablement construit, dont le dernier chapitre surprend.<br /> C'est un roman plein de délicatesse et d'amour du prochain.<br /> A lire.</p>